Extrait du journal

Si les. fantoches du nationalisme renaissant et les grands patriotes de la presse tapage s'imaginent vraiment que par le service de trois ans ils vont garantir et relever la France, il faut plaindre leur aveuglement. Socialement, !e service de trois ans sera un impôt accablant sur le travail, sur la famille ajournée, Sur la natalité amoindrie. Militairement, sera une force de corruption, de paros^e et de dégoût. Depuis des années, la France ne demande aux citoyens que deux ans de service la caserne. Depuis des années les méthode? d'instruction et d'éducation ont été adaptées à cette durée. Si donc on les retient une année encore, on. sera obligé de- leur avouer qu'on ne les garde pas pour compléter leur éducation militaire, mais seulement pour grossir les effectiiV encasernés. Ce ne sera pas une année d'instruction, mais une année de présence forcée, sans valeur éducative. Et alors de trois choses l'une ou ces soldats de la troisième année ne. feront rien, et ce sera un apprentissage de crapuleuse paresse qui les gâtera jusqu'au fond de l'âme et qui ira corrompre, par contagion, les hommes des deux premières classes, ou bien- les soldats de troisième année seront, astreints à répéter les exercices dont on lés aura déjà saturés dans la monotonie des deux premières et ce sera pour eux si fastidieux, si écœurant, qu'ils en auront Sa nausée, qu'ils prendront la vie militaire en dégoût et que ce dégoût se communiquera aux classés antérieures. Ou enfin, pour prévenir l'ennui des répétitions indéfi nies, on dilatera sur trois années l'éducation militaire....