Extrait du journal

On m'aurait fort surpris, il y a peu de temps encore, si l'on m'avait prédit qu'un jour viendrait où je m'intéresserais et ou ce serait mon devoir ûs socialiste de m'intéresser à là cause et aux laits et gestes d'un corps de police. Et pourtant, il m'aurait suffi d'évoquer un souvenir qui aurait dû me préparer à ce coup du sort. Il y a sept ans bientôt, en cette journée où les agents de ce bon M. Blanc, prédécesseur de M. Lépine, nous arrêtèrent brutalement Vaughan, Morhardt et moi, parce que nous avions l'audace, de prétendra pénétrer, avenue de Wagram, dans un local par nous loué, après qu'ils nous eurent menés au poste avec force bourrades, voies de fait et injures, nous nous accordâmes le paradoxal agrément. de transformer notre lieu de détention en une salle de meeting et nous nous mîmes à exposer à nos geôliers les. raisons qu'ils avaient de se- former en syndicat et de mettre leur force collective organisée au service de leurs justes revendications. Notre éloquence, ma foi fit merveille et nous étions sur le point de voir éclore, une association des gardiens de la paix de Paris et, qui sait ? poindre l'aube d'une grève policière, quand l'invasion des brigades centrales vint ramener chacun et chaque chose à sa place et substituer à notre propagande socialiste et pacifique le procédé conservateur et brutal du passage à tabac. Ce précédent interrompu m'est -revenu à la mémoire quand j'ai appris la mobilisation concertée des agents de la po.lice de- Lyon. En vérité, je vous. le dis, lé monde marche et les champions immuables du bon vieux temps ne sont' pas encore au bout de leurs étonne» ments. Non pas qu'il n'y ait une part de pharisaïsme et d'hypocrisie dans le -iscandalè avec lequel ils affectent de contempler ce qu'il leur plaît d'appeler une rébellion sans excuse.....