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L’Humanité, 25 avril 1909

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L’Humanité
25 avril 1909


Extrait du journal

La commission d'enquête sur la marine continue ses travaux. Elle. les poussera sans doute assez vite pour pouvoir .saisir la Chambre de son rapport, en juin. Il est peut-être fâcheux jusque-là rque les résultats provisoires et partiels .de ses recherches soient livrés à la presse, au hasard des /indiscrétions et des interviews. Car njbus ne pouvons pas savoir, avant qu'on nous ait soumis un tableau d'ensemble et que nous puis:sion contrôler les témoignages les uns par les autres, ce qui est exact et ce qui est tendancieux. Tels ou tels déposants ont-ils vraiment l'intention de servir la marine;?, ou bien, quand ils déprécient par exemple les petites unités, préparent-ils- les voies à un programme colossal de cuirassés géants ? Est-ce à une -orgie d'approvisionne'ments et d'obus, accumulés que nous convient ceux qui dénoncent la pénurie de la flotte ? La mauvaise organisation du personnel et le défaut de préparation technique ont peut-être une part de responsabilité dans les accidents. La vérité, toute la vérité, sur les hommes comme sur les choses, voilà ce que la commission doit au pays. Pour nous, nous suspendrons notre jugement jusqu'à l'heure où nous serons saisis de feus les éléments du problème. Et nous fie, serons pas dupes de ceux qui sont tfës maintenant résolus à couronner l'enquête par des fusées budgétaires et par tout un feu d'artifice de millions. Le zèle hâtif déployé par une grande partie de la presse est d'autant plus singulier qu'elle garde le silence sur le fait le plus grave et le. plus significa,tif, c'est-à-dire sur l'obligation où a été réduit le ministère de la marine de demander des poursuites pour malfaçons contre le Creusot....

À propos

Fondé par Jean Jaurès en 1904, L’Humanité, affichait une double volonté : celle de rassembler les militants du socialisme en France, et celle de les renseigner. Sa rédaction, d’une qualité intellectuelle remarquable, a toujours su se défendre contre les attaques virulantes de la presse de droite, notamment de L’Action française, de L’Écho de Paris ou de La Presse. Attaques qui ont toutefois chauffé les esprits de certains nationalistes : on peut penser qu’ils ont même mené – indirectement – à l’assassinat tragique de Jaurès en 1914.

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