Extrait du journal

J'avoue en toute, humilité que je ne m'étais point douté de la longueur, de l'âpreté, surtout des mille et un replis -st détours de celte discussion, lorsque; j'eus l'honneur de soumettre à la commission et de faire adopter par elle l'amendement qui fut, sinon la cause, du moins le prétexte de tout ce brouhaha. Il m'avait paru -qu'entre le système de ,1a commission et celui d'Allard, il n'y avait point de moyen terme. Autant je concevais un projet visant à reprendre au profit de l'Etat la totalité des biens jus431'ici administrés par les établissements publics du cu,lte, autant ma raison se refusait à admettre une mesure incohérente où, à côté ou dans l'intérieur d'un article attribuant aux associations cultuelles, privées des ressources du budget, la portion de leur patrimoine provenant des -libéralités des fidèles, se une clause facilitant sournoisement la reprise de ces biens. La loyauté autant que la logique s'opposait à mon sens à une telle procédure. En d'autres termes, l'intérêt même de la séparation élail engagé au premier chef dans le respect scrupuleux des intentions de la commission, s'il est vrai que le meilleur moyen de faire triompher cette grande réforme et d'épargner à la République le contre-coup d'agitations dangereuses, c'est de faire une loi de liberté et non de guerre et d'assurer en dehors de tout privilège et de toute intervention de l'Etat le droit des consciences de toutes les consciences, de celles qui entendent pratiquer un culte comme de celles qui se refusent à subvenir par le produit de l'impôt au culte d'autrui. Dans ces conditions, convaincu comme j.e l'étais, que la majorité avait su ce qu'elle faisait en adoptant le système de la commission, j'avais pensé que ce serait améliorer cette oeuvre commune, dissiper toute obscurité, prévenir un péril réel que de donner aux.juges appelés à trancher ces différends une règle précise et définie....