Extrait du journal

Ce' scrupule des Débats est singulièrement tardif, et leur fausse sagesse est •de date bien récente. Il fut un temps où, modérés et réacteurs, en une coalition approuvée et soutenue par les Débats, tentaient de contraindre et d'étouffer, sous de prétendus intérêts de politique extérieure, le mouvement intérieur de -la démocratie française." Que de fois M. Méline et ses amis ont exploité l'alliance franco-russe au profit de la réaction Ils combattaient le parti socialiste et même le parti radical, en alléguant qu'il déplairait au tsarisme de voir la France marcher à l'avant-garde de la Révolution européenne. Ils sommaient la France républicaine de subordonner ses traditions, son libre génie, son effort d'émancipation intellectuelle et sociale aux calculs de l'absolutisme, aux formules du Saint-Synode, aux maximes outrecuidantes et plates du procureur Pobedonoshef, transformé en grand homme par l'enfantillage tremblotant et exaspéré de Jules Lemaître. Les Débats ont-ils protesté alors au nom.de l'indépendance nationale ? Ont-ils tenté de dégager notre politique extérieure des combinaisons rétrogades des partis ? 7 Mais nous, socialistes, républicains fidèles à l'esprit laïque de la Révolution, nous n'avons jamais dit à la France Fais ton œuvre de laïcité pour conquérir les bonnes grâces de l'Italie. C'est pour la France elle-même que nous demandons à la France de continuer et d'accomplir en elle la Révolution. C'est dans l'intérêt de la France et de la démocratie que nous voulons déraciner enfin la congrégation, condamnée par nos grands révolutionnaires, secouer la tutelle politique et sociale de l'Eglise, abolir le privilège clérical, et, dans la liberté absolue des croyances et des consciences, assurer le progrès de la raison d'où sortira la justice sociale. Nous ne désertons pas notre tradition nationale et révolutionnaire. Nous l'af firmons et la développons, au contraire. Nous ne sacrifions pas à une combinaison diplomatique quelconque la moindre parcelle de notre autonomie intérieure mais de cette autonomie nationale, enfin reconquise sur les partis contre-révolutionnaires, nous faisons le principe de notre politique internationale où l'action de la France doit se confondre tous les jours davantage avec l'action européenne de .la Révolution et de la démocratie....