Extrait du journal

On admirait, car on se savait en présence d'un héros du. patriotisme tel que l'histoire ancienne et moderne n'en a peut-être pas de comparables'.'On s'indignait,, car jamais le hideux abus de la force n'a l'ait de plus noble victime. On avait pitié, bien que ce stoïque n'en demande aucune, car on se rappelait que les spectres des intrépides Boërs morts pour l'indépendance de leur pays flottaient par milliers autour de ce vieillard en grand deuil. Enfin, en imaginant l'extermination de tout un peuple, les champs de bataille jonchés de cadavres, les fermes incendiées, les familles errantes et sans pain, toute l'horreur du désastre, et en se souvenant que Kruger pour son Tranvaal o ù ne luttent plus que quelques bandes de désespérés, n'accepte pas la défaite, qu'il ne veut pas douter du triomphe final de la justice, qu'il garde une ardente foi et une espérance invincible dans la Providence, et que très vieux, presque aveugle, le coeur déchiré par la perte de plusieurs des siens, il a traversé les mers pour tendre à l'égoïste Europe —- et a la France, hélas ! — ses mains suppliantes, alors, oh ! alors, devant tant d'infortune et d'iniquité accablant celle tête vénérable, on avait peine à retenir ses pleurs et on murmurait une prière-...