Extrait du journal

rentes pour la production, mais qui sont également des clientes nécessaires Nous perdrions chaque année quatre milliards si nous ne pouvions vendre à l’étranger. Mais pour vendre, il faut que nous pro duisions des objets de bonne qualité à un prix raisonnable. Si, sur notre marché national, la camelote, en confection no tamment, joue un rôle considérable parce qu’elle est beaucoup moins chère, il est inévitable que, sur le marché du monde, nos produits soient éliminés même par des produits beaucoup moins bons, si ,1a(différence de prix est trop considérable. Or nous arrivons — tant par l'élévation des salaires que par le prix des loyers, le fardeau des impôts, l'imperfection des transports, la limitation du rendement de la main-d'œuvre, etc., — nous arrivons à produire toutes choses à un prix plus élevé que n importe quel autre peuple. N’est-oe pas la plus grave des menaces pour notre prospérité intérieure? Ce qui ne devrait jamais être oublié, c’est que l’argent — "et "donc le salaire — n’a pas une valeur en soi, mais seule ment dans le rapport où il est avec le coût de l’existence. Ce qui est intéres sant, c’est la puissance d’achat. Et si l’on décrétait demain que tous les Français recevront 20 francs par jour, la misère s’accroîtrait de toutes les illusions, de toutes les paresses, et de l’arrêt brusque de tout commerce international. Sans doute, ceux qui ont souci de la justice à l'égard des producteurs, doivent se proposer pour but constant de porter les salaires au plus haut point, mais il faut ajouter « au plus haut point raison nable ». La politique douainière protec tionniste permet de maintenir les salaires à un taux plus élevé ; mais, de même que les tarifs douaniers ont un maximum, de même les salaires français sont con tenus par la concurrence internationale. Que les organisations ouvrières y pren nent donc garde! poursuivre uniquement le relèvement des salaires est faire acte d’imprévoyance: il faut considérer les conditions générales de l’industrie et du commerce ; il faut tenir compte du prix de revient de chaque objet. Nous serions heureux avec les salaires actuels si le coût de la vie s’abaissait de 50 0/0. C’est à provoquer cet abaissement que nous devons nous appliquer, puisque la con currence étrangère nous empêche de laisser croître le coût de notre production. Comment y arriver? En prenant exac tement le contre-pied des théories révo lutionnaires sur la limitation de la pro duction : il est économiquement et so cialement indéniable que tout homme qui ne donne pas au travail producteur ce que ses forces lui permettent de donner cause un préjudice à la collectivité. Si, alors que l’on peut produire 10, on gas pille son temps et son effort pour he pro duire que 8, on appauvrit la collectivité. Répétez cette opération avec quelques mil lions de travailleurs, et ce sont des mil liards qui font, annuellement, défaut à la richesse nationale, et donc au mieux-être des citoyens. D’ailleurs quiconque est « à son comp te » essaie de produire le plus possible...