Extrait du journal
Pour tout esprit réfléchi, désireux d’analyser les événements sans se lais ser aveugler par un optimisme exagéré ou déprimer par un pessimisme déplacé, deux coud osions s'imposent : La go erre sera longue. La victoire ne peut échapper aux alliés. Bn réalité, ces deux conclusions n’en font qu’une et sont, en quelque sorte, fonction l’une de l’autre. Maîtriser, en effet, ses nerfs, ne s’in quiéter ni des semaines, ni des mois, ni même des années qui passent, reooaoer comme Von a eu le tort de le faire trop souvent, à s’assigner une date à laquelle cesseraient les hostilités, s’armer, en on mot, d’une inlassable patience et op poser le même flegme imperturbable aux faits heureux ou malheureux, telle est la condition essentielle du succès final. Pourquoi la guerre sera-t-elle longue? Précisément pour les mêmes raisons qui sont nos meilleures raisons d’es pérer. L’on oublie trop souvent le pacte con clu à Londres, en septembre 1914, entre la France, l’Angleterre, la Russie, et auquel ont virtuellement adhéré toutes les puissances qui combattent à leurs côtés, Belgique, Italie, Serbie, Japon. Aux termes de cette convention, les Alliés se sont engagés à ne pas signer une paix séparée, à combiner leur ac tion, à lutter tous ensemble, quoi qu’il advienne sur l’un ou l’autre front, jus qu'à la victoire définitive. Deux conséquences se dégagent de cet accord : Les armées belligérantes alliées sont toutes solidaires. Qu’elles se battent sur le front occidental ou oriental, aux Dar danelles ou dans le Trentin, on demain peut-être sur tel ou tel autre point, c’est en réalité une seule et même bataille qui se poursuit avec les alternatives inévitables de succès ou de revers sur un théâtre d’opérations aussi vaste. Une victoire iei, pas plus qu’une retraite ailleurs, ne peuvent décider de la cessa tion des hostilités, aussi longtemps qu’un accord parfait ne sera intervenu entre toutes les nations amies et alliées, sur la date de la paix à fixer et sur les conditions à déterminer. D’où guerre nécessairement très longue. Pour que nos ennemis des Empires Centraux puissent imposer leur volonté, il faudrait admettre qu’ils fussent victo rieux sur tous les fronts à la fois et de façon suffisamment nette et définitive pour qu’aucun de leurs adversaires n’ait la possibilité ou les moyens de contre balancer les échecs subis. Il faut admet tre, en un mot, l'écrasement simultané de tros les alliés sur tous les fronts. L’hypothèse est invraisemblable. D'cù raisons impérieuses de conclure à l’écroulement certain, à échéance plus ou moins éloignée, du rêve germa nique. Oh 1 j’entends bien l’objection : cer tains observeront peut-être que l’hypo thèse présentée comme invraisemblable semble déj4 à moitié vraisemblable, puisque, en une année de guerre, les Austro-Boches ont envahi la Belgique, plusieurs départements français et la Pologne rosse. Permettes. Si les apparences sont telles, la vérité est tout autre. Insuffisamment préparés, c’est exset, nous avons cédé, au début de la guerre, sous la pression du nombre et du matériel. Maie nous n’avons pas tardé à nous ressaisir. Nous avons brisé ^offensive boche sur la Marne. Notre supériorité, depuis, s’est partout affirmée dans des actions locales. Nous dominons, aujourd'hui, l’adversaire. Sur le front oriental, le plan de guerre primitif était défensif et la ligne de dé fense était portée à la hauteur de Minsk, point vers lequel retraitent nos alliés.' Les réserves moscovites en hommes «ont encore intactes. L’hiver approche. L’ère des grosses difficultés va commencer pour les envahisseurs. Nous sommes en droit d’escompter pour les troupes alle mandes le sort réservé, en 1812, aux ar mées napoléoniennes. Enfin, le prétendu vainqueur de l’heu-...
À propos
Fondé en 1890 à Bourges, L’Indépendant du Cher était un journal dévolu à la cause agricole et ouvrière. Il paraîtra jusqu’en 1915.
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