Extrait du journal
Paris, le 9 janvier 1891. Les conservateurs n’ont plus dans leur jeu qu’une carte qui vaille ou puisse valoir quelque chose. Obligés de renoncer à l’espoir de séduire le corps électoral, ils ne comptent plus pour se refaire, pour revenir sur l’eau, que sur les dissensions qu’ils cherchent à créer au sein du parti républicain. Durant les trois précédentes législatures, ils ont eu la chance inespérée de trouver sur les bancs de la majorité des groupes républicains rivaux, qui, pour une raison ou pour une autre, croyaient qu’il était de leur intérêt, à un moment donné, de s’al lier à la droite ; il en est résulté que les ministères tombaient les uns après les autres comme des châteaux de cartes et que le Boulangisme a pu constituer un danger, en apportant aux ennemis de la République le concours de certains républi cains dévoyés, désorientés, déconcertés. Par bonheur, le gouvernement, le Sénat et M. Constans ont réglé le compte du Boulangisme, en un tour de main, et le pays, revenu d’un instant d’égarement, a élu une Chambre où les coalitions ne sont pas encore tout à fait impossibles, mais où, du moins, elles sont impuissantes. Soit que les républicains avancés aient eu peur de se compromettre au contact des quelques boulangistes qui ont réussi à se mire élire et qui votent invariablement avec la droite, soit que les tristes expériences des dernières années aient appris à l’extrêmegauche qu’elle n’a rien à gagner à s’allier aux opposants et que la cause républi caine risque d’y perdre, toujours est-il que les coalitions essayées dans la nouvelle Chambre n’ont obtenu aucun succès. La majorité républicaine a quelquefois diminué, mais en somme elle est toujours restée maîtresse du terrain et tout indique qu’il faudrait maintenant la croix et la bannière pour qu’elle se laissât disloquer. Cette dislocation est pourtant la seule chance qui reste à la droite de jouer un rôle : j’entends le rôle de trouble-fête qu’elle a constamment joué dans les précédentes Assemblées, car rien ne l’empêche, si bon lui semble, de prendre part sérieusement aux travaux de la Chambre. Le jour où elle préférera la besogne au boucan, la discussion à l’invective, l’oppo sition constitutionnelle à l’hostilité intran sigeante, ce jour-là, la droite fera peut-être œuvre utile et il n’est pas dit qu’elle n’exer cera aucune influence, en dépit de son petit nombre. Mais ce n’est pas ainsi que l’entendent les chefs des anciens partis, ces vieux to ries que le Figaro voudrait mettre aux Invalides. Ils refusent de déposer leurs...
À propos
Fondé en 1890 à Bourges, L’Indépendant du Cher était un journal dévolu à la cause agricole et ouvrière. Il paraîtra jusqu’en 1915.
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