Extrait du journal
Paris, le 13 janvier 1891. Le Parlement est rentré en scène aujour d’hui. Aucune question politique ne s’impose à son attention, mais, en revanche, il va être appelé à trancher la question douanière. Avec cela, et le budget de 1892, il aura assez à faire pour n’avoir pas le temps de prendre de longues vacances. Le pays est absolument calme ; aucune passion ne l’agite, l’emprunt vient de réus sir au delà de tout ce qu’on pouvait imagi ner, et nos relations avec les puissances étrangères sont telles que, si nous avions encore un discours du trône, il pourrait être aussi rassurant que possible à cet égard. Je ne doute pas que le Parlement sache profiter de ces conditions exceptionnelle ment favorables, pour étudier et régler les grosses questions d’affaires qui sont à l’or dre du jour. La politique peut présenter, dans quel ques cas, un certain intérêt ; mais il est des moments où il faut savoir la négliger pour se consacrer à la solution des problèmes économiques, dont dépend le bien être du pays. Nous sommes, à point nommé, dans un de ces moments. J’aime à croire que les droitiers les plus intransigeants s’en ren dent eux-mêmes compte et qu’ils renonce ront, durant la session actuelle, à faire de l’obstruction à propos de bottes. Le pays ne leur pardonnerait pas de sou lever, de gaîté de cœur, des débats politi ques qui retarderaient le règlement de nos relations commerciales avec l’univers. Cette question-là prime toutes les autres. Aux yeux du Voltaire, « l’œuvre de la majorité élue en 1889 peut devenir encore meilleure, maintenant que l’éducation par lementaire est faite, que les députés répu blicains se sentent. des coudes, qu’ils ont exactement conscience de leurs devoirs et de leur pouvoir, de leurs obligations et de leur force ». J’espère fermement que ce pronostic se vérifiera, et j’espère aussi, pour en revenir à ce (lue je disais tout à l’heure, que les Chambres s’abstiendront de s’engager trop avant dans la voie protectionniste où les pousse un parti puissant et remuant. S’il faut en croire le Matin, le gouver nement n’envisagerait pas « sans quelque appréhension les conséquences possibles de la politique économique à laquelle il lui faut se résigner, s’il ne veut perdre la con fiance et l’appui du Parlement, visiblement emporté par un courant protectionniste presque irrésistible. Au temps où nous vivons, un grand pays ne peut, sans péril, s’isôler et se cloîtrer »....
À propos
Fondé en 1890 à Bourges, L’Indépendant du Cher était un journal dévolu à la cause agricole et ouvrière. Il paraîtra jusqu’en 1915.
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