Extrait du journal
19 octobre 1915. Les Allemands ont commencé le siège de la Serbie, les Bulgares ont attaqué leurs voisins sur toute la frontière, et les Alliés qui débarquent à Salonique ont occupé Stroumitsa en territoire bul gare. Tels sont les principaux faits mi litaires sur le nouveau front. En France, la situation est stationnai re : tranchées prises, reprises, attaques, contre-attaques et canonnades violentes. En Russie, par contre, la situation respective des troupes en présence change : d’assiégeants les Allemande deviennent assiégés, sont obligés de se replier progressivement, abandonnant prisonniers et canons aux mains des Russes. Ce n’est pas la retraite brusque et la fuite éperdue des légions de Hinden-, burg, mais c’est le recul lent de ces armées qui se croyaient déjà à Pétrograd. Un fait est acquis : les Russes ont ar rêté l’envahisseur et leurs armées sont intactes. Les Allemands eux-mêmes en conviennent et leurs journaux avouent que l'hiver en Pologne va devenir très dur pour les troupes allemandes les Rus ses ayant tout dévasté dans lenr retraite. Au point de vue politique, nous ne sommes pas fixés encore sur les desseins de l’Italie et sur la façon dont la Russie va participer à la campagne bulgare. Notre alliée demandera-t-elle à la Rou manie le libre passage de ses troupes t C’est peu probable, et il est plutôt à pré sumer qu’une attaque se produira sur la côte bulgare de la mer Noire permet tant, après le bombardement, le débarque ment des troupes concentrées à Odessa.) La presse de tous les pays est unanime pour conseiller une action énergique et surtout rapide, permettant d’éviter à la malheureuse Serbie de nouveaux et ter ribles sacrifices. L’envahissement de la Bulgarie par le sud et par Varna, ayant pour objectif Sofia, avec des armées nombreuses et une paissante artillerie, libérerait les Serbes et barrerait la route à l’Allemagne. A l’intérieur, nous sommes menacés d’une grève d’un genre particulier : MM. les débitants, mécontents de la nouvelle réglementation sur les bois sons alcooliques, ne parlent rien moins que de se mettre en grève. Dieu soit loué 1 Qu’allone-nous devenir, grands dieux, si les siocs, les bars et autres débitants ferment leurs boutiques ! Monsieur le Ministre, vous n’y pensez pas? Comment 1 vous leur avez déjà interdit l’absinthe et vous avez décidé de supprimer l’alcool et les apéritifs le matin et d’empêcher les femmes et les enfants de s’empoisonner 1 Mais dans quelle circonscription avezvous été élu député ? Vous osez encou rir la haine de vus électeurs et de ceux qui leur versèrent à boire en votre nom 1 Quelle plus noire ingratitude : la trahi son de la Bulgarie envers la Russie n’est rien à côte ue la vôtre. Prenez garde, les débitants vont se mettre en grève. Et après ? Aprèj, si ie ministre n’a pas peur et fait appliquer le règlement qu’il a élaboré, c est la France entière qui le lemerciera. Périssent plutôt les débitants de bois sons et les marchands de poison, et que la Patrie soit sauvée. Certes, il y a un proverbe qui dit : « Qui a bu boira ». Mais, enlevons au buveur la tentation et il succombera moins à son caprice ou à son vice. En tout cas, noos aurons peut-être la chance qu’il s’empoisonnera plus lentement. Et ce sera tout bénéfice pour la race* Au moment où tant des nôtres suc combent face à l’ennemi, préservons ceux qui restent, les jeunes d’abord, de ce terrible fléau, auquel nous avons déjà payé un si lourd tribut. Pendant que la mitraille fauche les hommes de 20 à 40 ans, sauvegardons la génération qui monte. Pendant qu’à l’avant nos braves poi lue travaillent à libérer la France de Penvahieeenr, tâchons, à l’arrière, de gagner cette autre victoire et de terras ser à tout jamais cet ennemi hérédi taire : l’alcoolisme ! A L....
À propos
Fondé en 1890 à Bourges, L’Indépendant du Cher était un journal dévolu à la cause agricole et ouvrière. Il paraîtra jusqu’en 1915.
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