Extrait du journal

longue, interminable, qui privait pour la journée entière de la jouissance du jardin et confinait le père et ses deux filles dans la maison. Germaine se retira dans sa chambre et, seule maintenant, elle relut la lettre de celui qu’elle avait considéré un instant comme son fiancé; plusieurs fois, comme si elle voulait s’en graver dans l’esprit les termes d’une manière ineffaçable, elle la relut encore. Dans son amour, — persistant quand même quoi qu elle fît et qu’elle pensât, — elle s’occupait moins de sa souffrance et de ses tortures à elle que de la douleur que devait être celle de Paul Charlier, douleur qu’elle sentait sous chaque mot de sa lettre. C’est lui qui a dû demander à s’éloi gner, car il n’aurait pas eu la force de résister s’il était resté près d’elle... Comme il l’aimait ! Elle, au contraire, tant elle se sentait forte et résignée, elle aurait voulu le voir, afin de le consoler, de l’apaiser, de l’exhorter à accepter cette fatalité, quelque cruelle qu’elle soit, qui les sépa rait à jamais. Si elle pouvait le voir !.. S'il était encore à Bernay ! Elle irait bien, elle courrait le retrou ver, lui dire un dernier adieu, lui crier qu’elle l’approuvait de fuir, d’essayer de l’oublier... Mais Germaine réfléchit : Paul doit être loto déjà, car cette lettre, il Va écrite,...