Extrait du journal

lui conseiller éprouvent le besoin de ne pas effaroucher le suffrage uni versel. Ils sentent qu’une politique violente et révolutionnaire ne serait pas de saison. Ils se rendent très bien compte de l’état d’esprit de la majorité du pays. Débordés par les socialistes qui leur enlèvent leur cliefilèle et les réduisent au rôle pé nible d’officiers sans troupes, ils essayent de sortir de leur isolement en ressuscitant le péril clérical, en faisant appel à la concentration pour le combattre, en réduisant leurs re vendications à un minimum pour rassurer les électeurs de province, et en allant jusqu’à prononcer ces mots de « sagesse » et de « raison » qu’on n’était pas accoutumé à trou ver sur leurs lèvres. Mais leur manœuvre ne trompera personne. Leur programme, même restreint, reste encore inacceptable. Mais leur programme importe peu. On les a vus à l’œuvre. On sait où ils vont, pour qui ils travaillent, sur qui ils s’appuient. Ce prétendu parti de gouvernement, qui affecte de désavouer les socialistes et les révo lutionnaires, ne pourrait pas se maintenir au pouvoir pendant cinq minutes sans leur concours. Il a beau proclamer, de temps en temps, devant le public, qu’il n’a rien de commun avec eux. Tout le monde sait à quoi s’en tenir sur la portée de ces déclarations d’indépendance, et l’histoire du dernier ministère ra dical n’est pas encore assez ancienne pour qu’on éprouve un seul mo ment la tentation de les prendre au sérieux....