Extrait du journal
C’est l’habitude qu’en fin d’année, les fournisseurs établissent leurs in ventaires et, subrepticement, un beau matin de décembre, glissent leurs fac tures dans notre courrier. L’Etat, qui ne veut pas être en reste de civilités, est en train, lui aussi, d’établir sa note à payer. Ils sont près de 600 comptables à la Chambre et presque autant au Sénat qui travaillent d’arrache pied à établir notre compte. Pauvres de nous, que de factures ! C’est par millions, c’est par milliards que se présente l’addition — et Von vote toujours. On vote avec une hâte fébrile, car on veut que tout soit fini au 31 décembre, et que nous ayons pour nos étrennes un beau petit bud get de quatre milliards dont chacun de nous devra payer sa part sans dis cuter. En vain arguerons-nous .. que l’addition est exagérée, que le compte est faux, ces messieurs les députés n’en ont cure : ils votent sans les exa miner les budgets après les budgets ; c’est, depuis un mois, une véritable orgie : un milliard pour l’Intérieur, un milliard pour la guerre, 400 mil lions pour la marine, 300 millions pour l’instruction publique, et le reste à l’avenant. Est-ce trop ? Ne désespérons pas. L’on nous promet pour l’année pro chaine 300 millions pour les retraites ouvrières, 200 millions pour les ar mements nouveaux, et encore l’im pôt sur le revenu par dessus le mar ché. C’est pour rien. L’exploitation dont sont victimes les contribuables n’est pas, il est vrai, de date récente ; mais elle est chaque année plus lourde et plus onéreuse. On a calculé ce que l’Etat a coûté au contribuable depuis un siècle. Sous le Consulat et l’Empire, c’était 115.000 francs par heure (en comptant 24 heures par jour) ; sous la Restaura tion, 119.000 francs ; pendant la royauté de Juillet, 150.000 francs ; sous la deuxième République, 173.000 francs ; durant le second Empire, 249.000 francs. Vint la guerre ; aus sitôt la dette publique s’accrut dans des proportions fantastiques , par suite, la dépense de Sa Majesté l’Etat passa à 405.000 francs par heure ; après 1881, on atteignit 450.000 francs ; nous en sommes aujourd’hui à 500.000 francs par heure en chiffres ronds. Cependant, le ministre des finances est tout à fait satisfait. Le budget de cette année, a-t-il déclaré, a pu être équilibré sans emprunt, grâce à des merveilles d’arithmétique. Pour l’exercice 1907, on est parvenu à boucler à peu près le déficit fictif...
À propos
Fondé en 1890 à Bourges, L’Indépendant du Cher était un journal dévolu à la cause agricole et ouvrière. Il paraîtra jusqu’en 1915.
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