Extrait du journal
Genève, 17 juin 1935. Au moment où je prends la plume I pour vous communique r les observations et réflexions que je puis rapporter de pérégrinations, en apparence désordonnées, mais en réalité parfaitement motivées et calculées, qui m’ont conduit, durant ces derniers jot rs, de Genève à Mulhouse pour me ramener de nouveau à Genève, je ne sais pas résister au besoin de commencer... Par où je pensais, et par où en bonne logique je devais finir. C est, en effet, de ma toute dernière impression que je tiens à vous entretenir d'abord, tant elle me semble avoir plus d’importance que toutes celles que j’avais pu recueils r précédemment : il s’agit de l'impression éprouvée, il y a moins d’une heure, en écoutant l ample et magistral discours prononcé par le directeur du B. L T., M. Harold Butler, pour répondre aux soixante — je dis bien soixante ! — orateurs qui, une semaine durant, avaient discuté son rapport sur l’activité passée et future de l'Organisation Internationale du Travail, en sc plaçant à des points de Vue d'autant plus Variés et contradictoires que, venus de tous les ponts nts du monde, ils étaient les porte-parole, non seulement de civilisations inégalement évoluées, mais encore de catégories sociales inégalement favorisées. Celtes, je savais déjà, — ne serait-ce que par les exposés et démonstrations du i substantiel rapport qui devait donner lieu à une discussion aussi vaste, aussi universelle — que la guerre militaire, avec toutes scs atrocités, n avait pas fait, en définitive, plus de ravages ni causé plus de souffrances à travers le monde que la guerre économique, en apparence moins cruelle, engendrée par un traité de paix si absurde qu il a non seulement ranimé, mais porté à leur paroxysme les rivalités et antagonismes nationaux auxquels il se proposait précisément de mettre un terme, une fois pour toutes. Et pour ne plus pouvoir douter que la paix armée, (que nous devons à la perspicacité, au génie des Fardieu et autres mirobolants hommes diktat de son espèce) avait irrémédiablement compromis le bien-être plutôt lent mais tout de même progressif des classes les plus laborieuses dans beaucoup de pays, il m avait suffi d entendre les commentaires et compléments d’informations apportés à la tribune de la Conférence, tant par les délégués régulièrement mandatés qui s y sont succédé jours après jours, que pa- les délégués sans autres mandats que ceux dont ils s étaient fait investir par les impressionnantes cohortes de chômeurs auxquelles l assemblée a dû accorder audience tout au début de ses trac aux, après une manifestation sur laquelle j'aurais l’occasion...
À propos
L’Information sociale est un hebdomadaire syndical ayant paru entre 1921 et 1935. Il prend la relève de L’Information ouvrière et sociale, créée en 1918. On y trouve essentiellement des articles d’analyse portant sur l’actualité politique et économique.
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