Extrait du journal

Les « classes dirigeantes » ont, depuis quelques mois, si bien perdu le contrôle de la vie électorale — tout simplement parce qu'elles n'ont guère songé qu'à se gaver ! — que leurs journaux iront rien de mieux à faire que d'essayer de se divertir des querelles qui mettent aux prises les grands partis d'opposition. En ce moment, les grandes feuilles officieuses ou gouvernementales, oubliant que ce sont leurs commanditaires qui feront, en définitive, les frais de cette curée, se divertissent comme de petites folles, parce que des coups de dents assez- rudes s'échangent entre ceux qui se partagent les dépouilles électorales des « partis de l'ordre ». Certaines de ces feuilles officieuses poussent même Vinconscience jusqu'à croire qu'elles amuseront leurs partisans — fort moroses depuis les alarmants événements d'Espagne — en leur présentant la lutte de M. Edouard Herriot avec les socialistes lyonnais comme un des épisodes les plus comiques du théâtre Guignol. Elles ne se rendent pas compte qu'en évoquant les chicanes de Guignol et de Gnafron à propos des démêlés de M. Edouard Herriot acte M. récrier autour de lu mairie de Lyon, elles obligent leurs lecteurs à se rappeler que si les deux « gênes » de la montée du Gourguillon, ne sont pas toujours d'accord dans leurs projets et échangent assez aisément entre eux des bourrades et des coups, ils ne manquent jamais, cependant, de se réconcilier sur le dos du « commisse ire ». Devant cette personnification de toutes les vexations imposées par les possédants et gens en places aux pauvres bougres, Guignol et Gnafron sentent leur cœur se gonfler de la même colère et bouillonner de la même fureur ; et, sans qu'ils aient seulement échangé le coup d'œil complice qui dissipe les malentendus us d'un moment, les voilà qui cognent ensemble sur le même adversaire ; et, comme le bâton ne leur suffit plus, c'est avec la tête, avec le pied, enfin par un élan furieux de tout leur corps déchaîné que, non contents de piétiner, de réduire en galette le représentant falot et stupide de V « autorité », ils provoquent ce « grand charassement final » d'où ils sortent en triomphateurs, bien entendu, mais tout de même aussi mal en point que le vaincu......