Extrait du journal

Nous avons à dessein différé nos commentaires sur la démarché faite récomment par M. le général Menabrea, ambassadeur d’Italie auprès du gouvernement français, en vue de notifier la conclusion d’un traité plaçant « l’Ethiopie » sous le protectorat italien et d’obtenir une reconnaissance formelle ou implicite du nouvel état de choses que créerait cette notification, d’après les stipulations du traité de Berlin. Les notes contradictoires publiées à cet égard par l’agence Havas et par le Temps nous imposaient l’obligation de nous renseigner sur un fait grave, c’est-à-dire sur l’accusé de réception que M. Spuller, ministre des affaires étrangères, aurait, par mégarde ou par légèreté, donné de cette notification. De plus, il nous semblait utile, avant d’apprécier comme il convient les procédés du gouvernement italien et la conduite du ministère français dans cette affaire, d’avoir quelques notions positives sur la manière dont les prétentions de l’Italie ont été accueillies dans les principales chancelleries de l'Europe. Enfin, il nous répugnait, à l'heure même où les pi entiers résultats du voyage que l'empereur d’Allemagne vient d’accomplir en Orient prennent un corps et où, par conséquent, notre diplomatie fait, dans le monde, assez piteuse figure, de mettre en lumière une inconséquence nouvelle des hommes que le hasard des intrigues parlementaires a placés à la tète de notre département de l’extérieur....