Extrait du journal

Arrêtons-nous donc. Qui ne confiait ces immenses bazars (devant, sur quelques points du pandémonium parisien, leurs halls gigantesques, ou la fantaisie et l’utilité entassent et offrent à tous tant de merveilles à bon‘marché ? Rien ne ressemble plus à de colossales ruches aux issues desquelles entrent, et sortent, avec la fiévreuse précipitation des abeilles, gens affairés et bourdonnants A l'intérieur, c’est la cohue noire et pressée qui circule, qui monte, qui descend et, dans laquelle, les enfants à la main de leur mère sont quelquefois vite perdus aussitôt qu’ils sont lâchés. 11 ne faut qu’une poussée ou qu’un remous. Puis les couloirs sont si obscurs et les comptoirs sont si hauts ! En ces deux derniers mois, où l’ancienne année finit avec Noël, où la nouvelle commence avec les étrennes, le petit Jésus et le pore Janvier viennent pour tout le monde, petits et grands. C'est pourquoi, tout le monde, plus «pie jamais, assiégé dans ces bazars les étalagés toujours diminués, jamais épuises. Or, un jour du mois écoulé, deux cris de terreur échappaient lout-à-coup et en même temps à deux pauvres mères épouvantées— une modeste ouvrière et une grande dame. Le. temps d’un éclairiez leurs deux enfants avaient disparu. Vol, écrasement — que sais-je? — tous les malheurs se dressant aussitôt à leur tendresse, elles avaient poussé dans ce double cri d’élirai toutes les angoisses de leur cœur....