Extrait du journal

Dans la recherche et dans la construction de cette nouvelle économie, nous aurons deux catégories d'adversaires. D'une part, ceux des patrons et des possédants à- qui tout ce qui s'est passé depuis 20 ans n'a rien appris. D'autre part, ceux qui veulent une seule chose, faire la résolution brutale, détruire d'abord ce qui est, s'emparer « des usines et des banques ». Aux premiers il n'y a pas grand'chose à dire : ils sont butés dans leurs préjugés de caste ou dans leur égoïsme naïf, ils n'évolueront pas, même devant l'évidence. Mais, ils ne sont heureusement plus l'unanimité dans leur classe. Aux seconds, il faut répliquer : « Vous voulez les usines, les banques, les grandes entreprises publiques. Mais qu'en ferez-vous ? Quand ses trente mille ouvriers se seront partagé les... mettons vingt millions de bénéfices que réalise tel grand industriel de la région parisienne, combien reviendra-t-il à chacun ? 666 francs par an, 55 fr. par mois... « Encore faudra-t-il qu'il y ait des bénéfices ? Est-ce parce qu'une usine sera gérée par un syndicat au lieu de l'être par un conseil d'administration, que ses produits se vendront mieux, trouveront des débouchés extérieurs, etc.? Si vous laissez en état le système monétaire, en admettant que cela fût possible, si vous permettez à chaque entreprise de produire et de vendïfi à sa guise, croyez-vous qu'il n'y aura pas très vite déficit budgétaire, surproduction et effondrement des prix ? Pourquoi voulez-vous que le système tourne mieux entre vos mains qu'entre celles de ses dirigeants actuels plus expérimentés que vous ? Pour que vous goûtiez le bien-être auquel vous aspirez légitimement, c'est le srjstème économique beaucoup plus que ses conducteurs qu'il faut changer... Sous la poussée des événements, le gouvernement, au milieu de contradictionb, s'oriente dans ce sens... Avant de destituer les conducteurs d'entreprises, commencez par étudier les transformations que vous apporterez au système. Et quand vous aurez trouvé ce qu'il faut faire, vous constaterez sans doute qu'il n'est besoin ni d'émeutes, ni de mitrailleuses, ni de guerre fratricide pour l'appliquer. Et vous aurez montré au monde que la France est encore son guide... »...