Extrait du journal

Al lez-vous oublier vos propres leçons ? Ah ! ces leçons ! Toujours avec la même liberté, laissez-moi vous avouer que jadis, malgré tout leur, intérêt, elles nous semblaient un peu monocordes. Pendant des années, deux ou trois fois par semaine, vous nous avez administré du Kant à doses massives. N'ayez pas à cette heure la faiblesse de vous en défendre : il était trop visible que ce Prussien de Kœnigsberg, ce raffineur quintessencié de la. « raison pure », vous ne le portiez pas seulement dans votre esprit, mais dans votre cœur. Je vous vois, je vous entends encore nous 1' « ex": pliquer la » dans un obscur amphithéâtre de a vieille Sorbonne. Un prédicateur commente moins passionnément les Ecritures les mains tendues 'sur la table, de IOIIlgues mains maigres et pâles, diaphanes et légères, des mains de métaphysicien habituées au maniement des antinomies, les yeux mi-clos, abstraits dans un rêve intérieur, vous parliez d'une voix ténue, voilée comme l'a Lampe qui n'éclairait que le bas de votre visage ; vous parliez sans notes, sans recherche, sans effort ; les textes allemands vous montaient aux, lèvres ; vous ne citiez pas seulement votre Kant, vous le respiriez, vous le viviez ; la face extasiée, vous nous apparaissiez comme baigné dans une fumée de dialectique transcendantale......