Extrait du journal

— Dangereux .paradoxe ! répliquent les autres. Un soldat qui a donné un morceau de sa peau à son pays ne saurait imaginer sans aberration qu'il le tient quitte du reste. Dans le civil, il n'y a que deux termes : le malade et le docteur. Dans le militaire il y en a un troisième qui s'appelle la patrie. Tant qu'il est utilisable de quelque manière, le blessé demeure à sa disposition. Il fait partie du « matériel humain », comme parlent les Boches, et l'autorité militaire en use à son gré, suivant les circonstances et les besoins dont elle seule est juge. Il ferait beau voir que l'on consultât cet homme-outil sur l'opportunité d'une opération ! A la caserne, le soldat dépouille son libre arbitre ; il ne le recouvre pas à l'hôpital. C'est dire que la médecine militaire sera toute différente de la médecine civile, et l'on n'appréciera l'a valeur d'une méthode thérapeutique que par rapport au nombre de combattants qu'elle permet de recouvrer. Exemple : voici cent blessés qui, s'ils ne sont pas incurables, n'ont chance de guérir que très lentement ; et voilà d'autre part un effroyable traitement par la brûlure au fer rouge qui rend très vite l'usage de leurs membres à ceux qui ont la. force d'y résister. Soixante-quinze patients y succombent ; v-in'gt-cinq y survivent. Pas d'hésitation : au point de vue de la médecine militaire, le traitement est excellent.... " : " •. "...