Extrait du journal

Pourtant, toujours dans mon .râve,, quelque chose gâchait ma joie, obscurément : si les journalistes sportifs exaltaient mes mérites, mes, confrères me reprochaient de gagner, aussi facilement, de.fortes sommes. Ils disaient que certains savants avaient bien de la peine, à joindre les deux; bouts ; ils rappelaient que la Ville de Paris était obligée d'offrir des secours, sous la forme de cadeaux, à des artistes et à des littérateurs ; ils parlaient de Byzance, des bleus et des verts ; ils me menaçaient du cinématographe et du. music-hall, ils ne me comparaient même pas à Carpentier mais à Paolino : je sentais bien que je les scandalisais parce que je gagnais avec le travail de mes jambes de fortes sommes qu'on ne gagne jamais avec le travail de la tête. Je devinais que je perdais à chaque victoire un peu de leur sympathie, un peu de leur amitié. "Ah ! comme ils m'aimaient mieux quand je. passais ma pauvre existence à mettre du noir sur du blanc, sans chercher des applaudissements, sans recueillir d'ovations, sans cette musique qui scandait mon effort d'un refrain réconfortant :

À propos

L'Œuvre est un hebdomadaire devenu quotidien fondé par Gustave Téry, ancien rédacteur du Journal, du Matin et collaborateur de L'Aurore. Le journal s'est d'abord affirmé comme socialiste et anticlérical avant de rejoindre le nationalisme intégral prôné par Maurras et l'Action Française au moment de l'Occupation. Le titre fut pacifiste durant les guerres mondiales, bravant la censure dès 1914 et favorable au Cartel des gauches (1924) puis au Front populaire (1936).

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