Extrait du journal

SUPPOSONS que vous soyez une aimable jouvencelle, fille de prolétaires qui vous ont fait apprendre un métier, faute de pouvoir vous donner une dot. Dactylo, coiffeuse ou vendeuse, vous gagniez tant bien que mal votre pain et celui de vos parents réduits au chômage, avant qu'on vous congédiât, vous aussi. Ce fâcheux événement vient de se produire ; il n'entrera plus désormais, dans la bourse familiale, que deux maigres allocations, juste de quoi ne pas mourir de faim. Car vous avez droit au secours, en tant que titulaire d'un certificat- -d-e travâN. Vdtis allez donc à la mairie solliciter votre inscription sur la liste des profiteurs à dix francs par jour.. Un employé, qui se départit de sa morgue coutumière à la vue de votre joli minois, vous apprend qu'une jeune fille habitant chez ses parents reçoit cinq francs pour tout potage.. Que vos parents soient chômeurs ou millionnaires, ils doivent vous nourrir, mineure ou majeure, puisqu'ils vous hébergent. L'Administration en a ainsi décidé, et les cinq francs qu'elle vous donne, c'est votre argent de poche. Généreuse Administration ! Le scribouillard émoustillé ajoute, pour vous remonter le moral ï...