Extrait du journal

On est injuste encore aujourd'hui en- i vers Latouche. Pas une seule fois son < nom n'a été prononcé par ceux de nos 1 confrères auxquels on a demandé de 1 donner un patron aux journalistes, qui J n'auront plus rien à envier alors aux ] gens de métier. Latouche fut pourtant < un grand journaliste, érudit, clair-voyant, fier, caustique et désintéressé. ] Il fit, peut-être le premier, du grand reportage à Rodez, lorsqu'on y jugea les » - assassins de Fualdès ; il édita André i Chénier, favorisa les débuts de George Sand et de Desbordes-Valmore (dont il ( ne fut pas l'amant, comme on s'obstine < à le prétendre) ; eut une influence sur Balzac ; fut, avec Nestor Roqueplan, < co-directeur du Figaro à son origine ; ] eut d'illustres amis et n'en garda aucun. Car il avait un caractère ombra- ] geux et n'admettait pas, en amitié, le ] partage. Il exigeait de ses obligés une < soumission et une reconnaissance éternelles ; aussi préféraient-ils généralement se montrer ingrats tout de suite. Alors il les détestait aussi furieusement qu'il les avait chéris. C'était un curieux J'wmme. Il ne pardonnait pas à la « camaraderie » de s'être substituée à l 'amitié pure. Il avait de l'esprit, de la dent, de la curiosité ; il était indépendant- et courageux en ses^ jugements ; il écrivait bien et abattait les quilles d'une main sûre. - Ma foi, toute réflexion faite, ce patron-là ne me déplairait pas....