Extrait du journal

Ce n'est qu'une petite scène très simple, très banale d'apparence, qui s'est déroutée hier, entre midi et midi un quart, au Palais-de Justice. Le greffier de la Cour d'appel venait d'appeler une affaire dont l'instruction, agrémentée d'incidents de procédure, 'traîne depuis trois ans. Tout était prêt, les clossiers s'accumulaient devant la Cour : les inculpés, régulièrement cités, étaient présents et, parfaitement, déférents, aL. tendaient l'arrêt de justice ; leur avocat, un des plus éminents maîtres du barreau, ne paraissait dispose a tendre au tribunal aucun piège, à opposer aucune argutie de procédure. Cependant le président regardait avec quelque embarras le ministère public, semblant attendre de lui quelque secours qui ne venait pas. Alors, Me Paul-Boncour se leva et dit ces simples paroles : « Monsieur le président, il me semble que le rôle est très chargé et peut-être y aurait-il intérêt, si vous voûtiez bien en décider ainsi, à remettre à une date ultérieure l'affaire de constitution illégale de syndicat pour laquelle mes clients, fonctionnaires de toutes catégories, sont aujourd'hui cités devant vous. » Alors, M. le président Le Poittevin parut respirer beaucoup plus librement : il affecta de jeter un regard effrayé sur un rôle à vrai dire presque indigent et répondit : « Il est vrai, maître, que nous avons beaucoup à faire et, pour cette raison, nous faisons droit bien volontiers à votre l'equpte. L'affaire en question n'est pas partiuhèrermut urgente. Elle sera donc re-...