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L’Œuvre, 27 janvier 1934

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L’Œuvre
27 janvier 1934


Extrait du journal

Les honnêtes gens se font de la justice une idée qui n'est pas la bonne. Ils imaginent qu'un fripon, aussitôt, pris,, est aussitôt pendu. Il n'en est rien. Les filous jouent à cache-cache avec les juges, et Dieu sait qu'ils connaissent la règle du jeu. L'idée d'avoir un procès effare les citoyens paisibles, ils préfèrent les transactions les moins avantageuses, les arrangements les plus coûteux ; ils aiment mieux sacrifier une partie de leur bon droit plutôt que de courir les risques d'une condamnation qui les accablerait. Les frais de justice leur semblent accablants ; ils ne cherchent même pas à se défendre ; ils cèdent pour ne pas prolonger leurs préoccupations et leurs soucis. Quand ils lisent les chiffres des dommages et des amendes, ils sont atterrés. Ils se demandent comment celui qui est condamné pourra s'en tirer; ils rêvent de cellules, de pain noir et de chaussons de lisières, et, le lendemain; ils croisent le condamné souriant au pesage des champs de courses ou bien installé à une table de restaurant ou dans la loge d'un théâtre....

À propos

L'Œuvre est un hebdomadaire devenu quotidien fondé par Gustave Téry, ancien rédacteur du Journal, du Matin et collaborateur de L'Aurore. Le journal s'est d'abord affirmé comme socialiste et anticlérical avant de rejoindre le nationalisme intégral prôné par Maurras et l'Action Française au moment de l'Occupation. Le titre fut pacifiste durant les guerres mondiales, bravant la censure dès 1914 et favorable au Cartel des gauches (1924) puis au Front populaire (1936).

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