Extrait du journal

obtenu des portefeuilles de ministres, comme M. Frick à Weimar ou M. Klagges à Brunswick, ont troqué sans difficulté la chemise brune pour la redingote : ils ont laissé leur programme révolutionnaire dormir dans le tiroir ; ils ont gouverné dans l'odeur des paperasses et non dans la fumée des pelotons d'exécution. Leurs électeurs locaux n'ont pas montré d'impatience et ont paru s'intéresser plutôt à la distribution des postes lucratifs et des prébendes qu'à l'avènement du Troisième Empire. Hitler lui-même, soufflant tour à tour le chaud et le froid, n'a pas donné l'impression d'une volonté rigide et dévastatrice. Il n'a pas dédaigné de négocier avec des hommes que ses journaux dénonçaient comme traîtres à l'Allemagne ; il a multiplié les déclarations rassurantes aux correspondants des journaux étrangers. Les magnats de l'industrie lourde et de la banque qui persistent à alimenter les caisses du fascisme allemand suspendraient sans doute leurs subventions s'ils n'avaient de bonnes raisons de croire que Hitler sera entre leurs mains un instrument docile. Hindenburg et Briining eux-mêmes, qui viennent d'infliger une défaite à Hitler, eussent préféré négocier plutôt que d'engager la bataille; aujourd'hui encore ils éprouvent certainement plus de répugnance à collaborer avec les socialistes qui- ont sauvé le régime qu'à chercher un nouvel accord avec la croix gammée. Ils croient que leur devoir suprême est de ne pas rompre l'unité du peuple allemand, même si cette unité n'est qu'une apparence et une façade ils gardent l'illusion qu'ils pourront apprivoiser le fascisme et en faire un parti de gouvernement....