Extrait du journal
Car pourquoi le nier . Le Maréchal ne l'a point nié, dans son message du 13 août. Et il faudrait être bien aveugle pour ne point voir que toutes les passions renaissent, que toutes les divisions ressuscitent, et plus haineuses et plus violentes encore par le silence auquel elles sont contraintes, par l'immobilité dans laquelle elles sont maintenues. La réconciliation française aurait été possible en 1940, si le Maréchal avait été suivi et si notre peuple avait été entendu. Car cette réconciliation, tous la voulaient, assagis et comme renouvelés par le commun malheur. Mais l'esprit de revanche l'a emporté. Les intrigues maurrassiennes, ont fait échouer le Parti Unique. Peyrouton et ses pareils ont transformé la France en une espèce de chasse à courre, où ils traquaient indistinctement le gibier de tout poil, pour peu qu'il ait été socialiste, syndicaliste ou républicain. Et maintenant une rumeur monte déjà, de tous les coins du pays, rumeur de colère et de révolte qui, même contenue, dépasse par sa force et par sa multitude tout ce que nous avons connu aux pires heures de 1935 et de 1936. Les ouvriers, dépouillés pratiquement du bénéfice des lois sociales, étranglés entre des prix qui montent et des salaires qui ne montent pas, exaspérés par l'impunité triomphante du marché noir qui nargue leurs privations, redeviennent perméables -à toutes les propagandes chuchotées. Les petits fonctionnaires, réduits à la portion congrue, mais chargés de tous les péchés, glissent à une opposition muette et innombrable. Les paysans, las, des contraintes et tracasseries bureaucratiques, se renferment de plus en plus dans l'autarcie villageoise. Enfin les républicains, qui étaient les premiers à vouloir une réforme profonde du régime, ont commencé par rire quand ils ont appris que certains songeaient à une Restauration ; maintenant ils comprennent que c'était sérieux, et ils serrent les poings. Au total, la France est à nouveau coupée en deux, droite contre gauche, ou plutôt extrême droite contre le reste. Et toutes nos folies sont ainsi revenues....
À propos
L'Œuvre est un hebdomadaire devenu quotidien fondé par Gustave Téry, ancien rédacteur du Journal, du Matin et collaborateur de L'Aurore. Le journal s'est d'abord affirmé comme socialiste et anticlérical avant de rejoindre le nationalisme intégral prôné par Maurras et l'Action Française au moment de l'Occupation. Le titre fut pacifiste durant les guerres mondiales, bravant la censure dès 1914 et favorable au Cartel des gauches (1924) puis au Front populaire (1936).
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