Extrait du journal

A la dernière exposition de Chicago, on a eu le singulier spectacle d’un Congrès des Religions, où l’on s’est dit de part et d’autre beaucoup de choses aimables et où l’on s’eslensuite séparé, après salutations courtoises, sans rien établir du tout, parce que, en effet, il n’y avait pas de base où rien asseoir, mais chacune de ces religions en remportant, de son côté, les vingt-quatre faisceaux dictatoriaux d’absolue in- i intransigeance dont elle s’était fait précéder au Congrès. Et ce qui a échoué à Chicago, sur le terrain le plus neutre du monde, dans un milieu absolument libre d’influence atavique et de traditions à ménager, un abbé français,animé, d’intentions qui seraient assurée ment louables, si elles ne visaient autre chose que le triomphe de la pure raison, s’est imaginé naïvement pouvoir le réaliser en notre vieille France, à la future Exposition de' l’an 1900 ! L’accord des religions, de choses qu n’existent et ne peuvent être ce qu’elles sont, vis-à-vis les unes des autres aussi bien qu’en elles-mêmes, que par le fait de leur antagonisme, en s’anathématisant réciproquement, mais ce n’est pas seulement la quadrature du cercle, i c’est vouloir que le carré soit fait rond tout, en restant carré, c’est asseoir le grand Turc et le Pape sur la même media gestatoria, consubstantialiser deux éléments contraires et vouloir nous les faire adorer en une seule et même hypostasie !...