Extrait du journal

Д ainsi, voilà des années que, à chaque fin de mois, il me manque un ou deux millions pour faire I appoint ; et mensuellement la même cérémonie se renouvelle : je vais trouver un des gérants de la Banque de France et iui remanie de me les prêter ; invar ioicment il me répond non ; je ne me décourage pas ; qui sait si un jour il ne me répondra pas oui ? La face de mon existence en sera du coup complètement modifiée. Et n’en est-il pas ainsi pour tout le reste ? Je pense que tout le mal provient de ce que nous attachons beaucoup trop d’importance à oui et à non et que nous leur accordons une puissance qu’ils ne possèdent qu’en raison de notre esprit de fétichiste. Lorsque d’un commun accord nous aurons décidé de n’attribuer à oui et non qu’un sens unique et nettement relatif, tout s’améliorera comme par enchantement, car on ne saura plus exactement chaque fois qu'on dira oui, si ce oui n a pas été pris dans le sens de non par l’interlocuteur, ou si en disant non ce non n’aura pas été enregistré dans le sens affirmatif. Alors, naturellement, on y regardera à deux fois avant de s’embarquer à la légère dans des aventures dont l’issue sera plus que douteuse....