Extrait du journal

Il y a des gens qui croient au ciel et à l’enfer. Il en est d’autres qui croient aux tables tournantes. Il en est même, enfin, qui croient à l’efficacité des circulaires ministérielles. Par exemple, ce n’est guère que parmi les ministres et, pour bien spécifier, que parmi les ministres en activité, que se recrute cette dernière catégorie de superstitieux. Au fait, les détenteurs de maroquins sont-ils à ce point gobeurs? Je ne le sais. Mais ils font mine de l’être. Après ça, peut-être n’affectent-ils celte naïveté grande que par politesse à l’endroit de leurs bureaux qui élaborent les circulaires en question. Et puis, je vous le demande, si ’a grande-duchesse de Gérolstain n’avait pas paru prendre au sérieux le sabre de son père qui donc aurait pu se sentir féru de respect pour ce glaive aussi rouillé que peu tranchant? Je me fais idée quant à moi, que M. Berteaux n’a point fourni une carrière politique déjà longue sans avoir sondé, depuis belle lunette, le néant des circulaires ministérielles. I! en a vu tant et tant demeurer lettre morte qu’il est certainement édifié. Et comme je ne lui fais nas l'ininr» de sunnnsor qu’il puisse attribuer à sa signature placée au bas d’un papier de cette sorte, d’exceptionnelles et magiques vertus, je pense qu’il ne se berce pas de grandes illusions sur le sort de la circulaire qu’il vient adresser aux chefs de corps, au sujet de l’attitude des témoins qui déposent devant les conseils de guerre....