Extrait du journal

Il fallait s'attendre à voir l'opportu nisme triompher bruyamment du der nier résultat électoral. Néanmoins les radicaux intransigeants les avertissent de modérer leur joie. Voici ce qu'on lit dans la Marseillaise : Ces élections départementales, sur les quelles nous aurons à revenir, ne sont pas seulement importantes à considérer en tant qu'elles couvrent de confusion les réacteurs ligués pour monter par toutes les fissures à l'assaut de la république; elles le sont en core parce qu'elles nous montrent dans un avenir prochain les opportunistes aux prises avec les radicaux : les radicaux, c'est-à-dire les logiciens qui entendent tirer de la for me républicaine toutes ses conséquences, qui ne croient pas que la sagesse consiste à étouffer le germe dans l'œuf, à empêcher la fleur de poindre sous la feuille, le fruit de jaillir de la fleur ! Sans doute, dans cet engagement partiel, l'opportunisme a le droit de s'écrier : « Je triomphe, j'ai vaincu ! Comptez-vous: Vous êtes soixante, nous sommes six cents ! » Et nous entendons déjà le chœur des caudataires célébrer son triomphe et proclamer notre désastre. Ces cris de joie ne sont pas pour nous troubler. Les destinées du radicalisme seront sous la République opportuniste, celle du républi canisme sous l'empire. L'irréconciliable de 1869, qui partagea avec quelques autres l'honneur de porter au gouvernement de Napoléon III les premiers coups, est au jourd'hui le maître du pouvoir. Il a fait faire un pas à l'idée républicaine, nous ne le méconnaissons pas; les radicaux lui fe ront faire, eux, toute une enjambée. Sa for tune sera la leur. C'est l'enchaînement lo gique des choses qui le veut ainsi. Que les opportunistes mettent donc une sourdine à leurs cris de victoire....