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L’Univers, 5 mai 1867

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L’Univers
5 mai 1867


Extrait du journal

; Les nouvellistes sont à la paix. Elle est le désir de tous ; mais chacun comprend que ce désir n'est pas encore la réalité. Les plus hardis n'osent y croire. La guer re est dans l'air, dirait-on : on conteste les raisons, on ne lui trouve même pas de prétextes, tout le monde s'accorde à la repousser et à la maudire ; mais elle domine les prévisions humaines : elle reste comme un spectre invisible et in saisissable, dont on a conscience. On devine qu'il ouvre déjà les bras pour étreindre l'Europe. En vain on amasse les nuages; les conférences s'ouvrent, les pourparlers s'entretiennent ; les politiques ne manquent pas de, dis cours pour montrer leur sagesse et leur modération; on s'excite à la con fiance ; tous les efforts sont à la paix. La conviction intime, profonde, persis tante, est que la guerre est à nos por tes ; elle frappe, elle veut entrer, elle veut encore une fois combiner ellemême et remuer à son gré, ou plutôt au gré de son maître, les affaires des hom mes et tous les plans des politiques. Cette introduction violente d'un tel personnage sur la scène déconcerte les sophistes. Les hommes du dix-neuvième siècle sont accoutumés à se payer de mots; avec des phrases creuses ils croient satisfaire à tous les droits d'autrui et remplir tous leurs devoirs per sonnels. Ils s'endorment avec le pro grès, la révolution, le développement industriel, la fraternité et l'union des peuples, la paix universelle. Si la guerre ne devait déranger que leurs sophismes, ils s'en accommode raient encore. Ils n'avaient pas les per plexités qu'ils témoignent,lors delà guer re d'Italie, et le fléau, pour être aussi, cruel, n'était pas aussi maudit. On trou vait même, dans la presse, quelque gloi re alors à combattre pour une idée. La révolution,*le progrès, la fraternité des peuples, même la paix universelle, pouvaient y trouver leur compte. Mais les idées n'ont pas que^ des rayonnements : elles ont leurs côtés ob scurs et tristes; elles ont même leurs côtés faibles, que peut enfoncer la né cessité. Voilà le mal, le grand mal, ce qui met en émoi toute la presse en ce moment. Une nécessité qui s'impose aux hommes, une loi qui ne prend pas son point d'appui dans leurs sentiments, ni dans leurs votes, une loi fatale comme ils disent, une loi providentielle comme parlent les chrétiens, voilà ce qu'on ne saurait trop repousser et ce qui fait en core plus d'horreur que la guerre ellemême. Il n'est pas question de nier la part de liberté et de responsabilité, par -consé quent, qui revient à l'homme" dans la...

À propos

Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.

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Données de classification
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