Extrait du journal

« tombait à flocons pressés. Il m'a semblé « que la muse heurtait mes vitres du coin « de ses ailes mouillées.' C'était une erreur, « assurément, et je l'ai vite reconnue aux « vers que j'écrivis. Us ne ressemblent en « rien au soulier que l'Auvergnat rencontrait .« dans son potage : ce n'est pas qu'ils tien« nent de la place, hélas! c'est qu'ils sont «mauvais.» Ce langage est d'un prosateur soigneux. Tous les substantifs sont accompagnés de leur épithète ; chacun a sa chacune, comme dans une peinture de Watteau. Mais voyons les vers. Je pense bien que le critique ne les estime pas aussi peu qu'il dit, puisqu'enfin il les coule dans son « potage, » et c'est ici que je peux prendre ma leçon. Si d'un lourd manteau de neige et de pluie Le temps s'est couvert longtemps, c'est qu alors La vieille nature, aïeule attendrie, A porté le deuil de ceux qui sont morts. Chaque jour produit des pertes nouvelles : La terre se vide, et les exilés, Pour le grand voyage étendant leurs ailes, Vers les cieus profonds se sont envolés. Je suis médiocremeut charmé de ces deux quatrains. « La vieille nature aïeule attendi-ie, » le « c'est qu'alors, » le *« deuil de ceux qui sont morts, »; n'ont rien de neuf, ni rien de clair, ni rien d'harmonieux. «Chaque jour produit des pertes nouvelles, » atteint le gro tesque. La terre « qui se vide » est du pro saïsme le plus compromettant. C'est noctur ne! Mais il y a pire. On a toujours cru, en...