Extrait du journal
évidemment d'un homme compétent et bien informé, fait justice de ces craintes sans fondement: - Parce qu'un sous-chef d'état-major géné ral du ministère de la guerre va passer jeudi devant un conseil d'enquête, en rai son des faits graves qui ont déjà provoqué sa mise immédiate en non-activité, faut-il en conclure, comme le bruit s'en est ré pandu, que d'importants secrets aieut été révélés à l'étranger par suite du passage au ministèré de cet officier général ? Les relations de ce dernier avec une dame dont l'existence est fort louche et chez qui l'on a trouvé, en évidence, le portrait d'un ancien ministre de la guerre, doivent-elles nous pousser fatalement à croire que cette aven turière ait été en possession de secrets d'Etat ? On parle, non sans inquiétude, de plans disparus, dérobés ou livrés, et là-dessus les imaginations se montent et les esprits se troublent. Mais qu'on sache donc, une fois pour toutes, que, tout d'abord, il est impossible de se procurer notre plan de mobilisation. Et cela, pour une raison excellente, c'est qu'il n'existe point. La mobilisation est la résultante d'un ensemble d'instructions s'adressant aux différentes unités de l'armée française et ayant pour effet d'établir, dans chaque région militaire, le mode suivant lequel il faut procéder pour porter nos troupes à leur effectif de guerre. C'est une chose qui peut se faire au grand jour; l'ex périence si bien réussie dernièrement dans le 17e corps en a fourni la meilleure dés preuves. Chaque Français connaît ses de voirs; tout est prévu; et, répétons le en core, le plan dont on parle tant n'existe pas. Pour la concentration, c'est autre chose ; il existe un plan, mais celui-ci n'est pas commode à transporter. Ce n'est pas, en effet, une sorte de tableau que notre étatmajor a établi, comme on semble le croire; mais une quantité énorme de travaux, ré sultats d'une longue série d'études, qui ont seulement la valeur d'études, et envisagent tous les cas de concentration probables, en tenant compte des projets, des mouve ments, des formations et du nombre des adversaires auxquels nons pourrions avoir affaire à un moment donné. C'est un en semble volumineux, d'un poids considéra ble, dont le transport nécessiterait l'emploi de plusieurs tombereaux. Les détails en sont infinis et comprennent autant de pro jets qu'il se pourrait produire d'hypothèses sur chacune de nos frontières. Pourrait-on s'imaginer un instant notre état-major ayant élaboré, par exemple, un seul plan de concentration pour le cas d'une agression venant de l'Est, et ayant, tout d'un coup, en raison d'une alliance, à porter une partie de nos forces d'un autre côté ? C'est là une supposition qui permet de saisir à quel point on s'égarerait si l'on ve nait à penser qu'un rouleau de papiers suffirait à contenir le plan de nos premiers moùvements de troupes après la mobilisa tion. Ce n'est point tout. Car, si bien combinés qu'ils soient, si variés qu'ils puissent paraî tre, tous ces projets sont,à chaque instant, susceptibles de modifications. L'augmenta tion des effectifs dans les armées étrangè res, les changements survenus dans leurs garnisons, d'une part ; la création de nos derniers régiments, de l'autre, ainsi que l'organisation nouvelle de notre infanterie, ne sont-ils pas autant de faits qui entraî nent forcément des changements considé rables dans tous ces travaux que, pour ainsi dire, chaque jour modifie, que chaque pro grès perfectionne ? Et jusqu'au dernier jour, jusqu'à l'heure même où devra commencer la lutte, qui donc saurait prédire auquel de ces projets il conviendra de s'arrêter ? Oserait-on affir mer qu'il ne faudra pas encore opérer des changements au dernier instant pour faire face au plan de notre adversaire ? On voit qu'il est matériellement impos sible que tout le travail dès maintenant établi vienne à disparaître ou puisse être copié et transporté.Ce n'est point une raison pour ne pas veiller avec le soin le plus jaloux sur ces précieux documents et ne pas sévir avec la plu? intraitable rigueur contre les tentatives indiscrètes, si petites et si partielles qu'elles puissent être....
À propos
Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.
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