Extrait du journal

Le malfaiteur Rochefort,qui, réfugié â Genève, frappe la vérité à défaut de prêtres, de magistrats et de sergents de ville, a trouvé piquant, et probable ment spirituel aussi, d'affirmer à sa clientèle que le maréchal de Màc-Màhon s'était conduit à Sedan comme un vrai communard, et que pour éviter de se battre il s'était dit faussement blessé à là jambe. Une telle calomnie, venant d'une télle source" et s'attaquant à un soldat tel que le Maréchal, ne,mérite que le dédain. Cependant un journal de province, les Tablettes des Deux-Sèvres, a cru devoir en faire justice. Pour cela, il n'a eu qu'à citer un article de M. le docteur C. Bougarel, médecin-major de 1" classe du 4°": régiment, d'infan terie de marine, intitulé1: Lu.service de santé en campagne, et -publié dans les ■Archives de médecines navale de 1872, p. 211. : - Nous nous faisons un devoir de re produire cet article, non pas certes pour laver le Maréchal d'une telle in culpation, mais pour montrer de quelles noires inventions les républicains sont capables. Le fait suivant, dans lequel le' hasard m'a fait jouer un rôle, montrera combien, dans certaines circonstances-spéciales, et; sans parler des cas: d'hémorragie, il peut être très utile que les médecins portent un signe distinctif, qui les fasse reconnaî tre à une grande distance. Lorsque le ma réchal de Mac-Mahon a été blessé à Se dan, il n'avait pas.de chirurgien auprès de lui, et cependant il était urgent d'en trou ver un au plus tôt, car le maréchal, n'é coutant que son courage et son énergie, croyait pouvoir remonter à cheval, et con server le commandement. Mon brassard appela l'attention d'un aide de camp, bien que je fusse à plus de 500 mètres en avant, occupé à relever les blessés du 4° régi ment d'infanterie de marine ; j'accourus auprès de l'illustre blessé et je procédai à l'examen de la plaie, non-sans une certaine émotion, car, bien que je fusse inconnu du maréchal, il voulait bien s'en rapporter complètement à ma décision, qui pouvait avoir une influence immense sur le sort de la journée. s. La blessure, causée par un éclat d'obus, était située sur la hanche gauche et, au premier aspect, ne paraissait pas grave ; mais je ne tardai pas à découvrir un trajet profond, dans lequel je pus introduire tout l'indicateur sans rencontrer le projectile, dont le séjour dans la plaie ne pouvait plus être mis en doute. Les obus-tombaient au tour de nous ;~le Maréchal était assis sur un escabeau,.dans une espèce de garenne ; ce n'était donc pas le lieu de procéder à un examen plus complet. Je n'avais plus à hé siter, et je déclarai au Maréchal qu'il était dans l'impossibilité absolue de remonter à cheval et de conserver les fonctions de gé néral en chef. Immédiatement, il fit porter au général Ducrot l'ordre de prendre le commande ment. J'appliquai, à l'aide d'un spica, un appareil provisoire aleoolisé, et quelques instants après, je confiai le Maréchal à M. l'aide-major Rap, qui venait d'amener une voiture d'ambulance divisionnaire à une petite distance du lieu de pansement. Voilà la vérité. Rochefort la connais sait bien ; mais comme elle le gênait, il a espéré le traiter comme son ami Rigault a traité l'archevêque de Paris. Mais il n'y est point parvenu. Son fusil a fait long feu et, ce matin, la Lanterne joue l'innocence....