Extrait du journal

Le Témoignage du Centurion CJEége/jde pascale) ' >K~— TV. . Au matin de Pâques, les soldats que Pi late avait chargés de veiller sur le tom beau de Jésus rentrèrent dans la cour du prétoire, humiliés, la tête basse. Déjà le bruit s'était répandu par les rues de la ville que le Crucifié était sorti du sé pulcre. C'était la nouvelle du jour. On ne parlait que de . cela sur le^ seuil des mai sons, à la margelle des. puits et sous" le portique du Temple. Les soldats furent aussitôt entourés par leurs camarades. On riait de leur mine dé confite et du frisson de terreur qui courait encore sur leurs membres. On les question nait, et il y avait autant d'inquiétude que d'ironie dans les paroles. Le centurion raconta simplement ce qu'il avait vu : — Il y eut un grand bruit, comme un coup de tonnerre. Mes hommes et moi, nous nous sommes dressés, les armes à la main. Une lumière blanche, éblouissante,^ nous entourait. Sur les pierres brisées," nous avons vu -des personnages vêtus de blanc, avec de grandes ailes ouvertes : ils chantaient, ils disaient : « Alléluia.' Le Christ est ressuscité ! » Alors, nous som mes tombés la face contre terre. Quand les chants cessèrent, je me suis approché du tombeau, j'ai regardé jusqu'au fond. U n'y avait plus rien, sinon le suaire plié et rangé en un coin... . ' î • . - • * * Comme le centurion achevait son récit, on vint lui dire que Poncc-Pilate le man dait à l'instant même en son cabinet Le pauvre homme eut un geste d'effroi. Mais il se remit aussitôt : il avait tant de fois vu la mort de près sur les champs de ba taille que la perspective des colères et des menaces ne l'intimidait plus. Pilate était un beau comédien. Nul ne savait aussi bien que lui jouer la fureur ou la douceur, au même instant, et de vant le même homme. Le centurion entra : — Alors, rugit Pilaite, c'est pour dor mir que je vous ai envoyés au Calvaire, tes hommes et toi ? — Seigneur, nous n'avons point dormi, fit doucement le centurion. ,V — Silence !... Je sais que vous dormiez et que les disciples de Jésus ont profité de votre sommeil pour enlever le cadavre du Nazaréen. Avoue, sinon je te remets aux mains de mes licteurs ! • —' Seigneur, faites comme il vous plaira, mais il est bien certain que nos hommes et moi nous avons veillé tout le jour et toute la nuit, sans prendre une minute de repos. Et le centurion refit devant Pilate la simple narration du drame. Le préteur écoutait, curieux, sceptique, anxieux sur tout, car, si la nouvelle se confirmait, tout était à recommencer, et il fallait une se conde fois passer par les émotions du ju gement et du supplice. . -—...