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L’Univers, 21 avril 1913

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L’Univers
21 avril 1913


Extrait du journal

france et de ses tâtonnements dans la nuit. C'est une confession qu'il écrit,, et cette confession ne ressemble pas à celles de Jean-Jacques, l'étrange pénitent qui bat sa coulpe sur la poi trine du genre humain et qui, après avoir remué l'ultime vase de son cœur, réclame la première niche vacante dans le Panthéon de la vertu. Elle est moins tapageuse aussi que la confession de J.-K. Huysmans, la néophyte qui entrait dans le temple par le toit et qui faisait tomber sur la tête des clercs et des fi dèles toute une pluie de tuiles cassées. Ch. Morice ne s'érige point en sujet de tableau pour les parloirs de monastère, encore moins en Père de l'Eglise: Il ne nous apporte ni une conférence sur « lés raisons actuelles de croire » ni un gros volume sur « l'utilisation du positi visme ». Vous chercheriez en vain en son petit livre de la poussière de biblio thèque ou les verroteries de la nou veauté. Il sait que ® le nouveau, c'est ce qui n'est pas durable » et il en a assez des choses qui ne durent point. Ce qu'il dit, c'est ce qu'il a éprouvé : les souf frances dê l'esprit qui ne se contente pas pour sa nourriture du roman de l'infini, les lassitudes de la conscience à qui ne suffisent point pour la dignité de la vie les impératifs catégoriques que l'on débite au comptoir des marchands de noix creuses. « Ce qui est, c'est croire, — dit-il, —• et croire, ce n'est pas seulement adhérer par l'esprit, c'est se donner tout entier... Ceux qui ne croient pas ne vivent pas. » Il croit, lui, et il vit. Il vit d'une belle vie ardente, bouil lonnante, généreuse. Il rêve encore mais le songe du poète se double s'achève par le songe de l'apôtre. Le doux esthète d'hier, le théoricien du symbolisme, le critique d'art, se rue à l'action : un immense désir de conquête soulève ce converti; On surprend sur ses lèvres des cris d'ambition rapace : il voudrait que toutes les âmes ne fus sent qu'une âme pour les donner à Dieu en une seule offrande. Et Ch. Morice sait bien ce qui l'attend en un certain monde. L'an dernier, au moment où il se mettait en route vers nous, il. y eut vers la gauche des émois et des efforts touchants. Pour le rete nir, de doctes reporters lui donnaient des leçons d'histoire et de théologie., Des gens qui ne savent rien, pas même qu'ils sont ignorants, essayaient de lui barrer la route avec des objections et d'élégiaques remontrances. Il passa. Il est au; terme : « Rage et persiflage. Oui. Je sais ce qui m'attend. » Cher poète, vous me pardonnerez de vous avoir-un peu ignoré jusqu'à l'heure présente, car je suis de ceux qui ne conçoivent les let tres françaises que dans l'ordre, la olarié et la continuité. Mais, votre petit livre, je l'ai compris tout entier et j'en ai aimé toutes les syllabes. Il est écrit dans la;...

À propos

Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.

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Données de classification
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