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L’Univers, 22 août 1892

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L’Univers
22 août 1892


Extrait du journal

Parlottier. — Que m'avez-vous dit l'autre jour, monsieur le curé, que la Déclaration des droits de l'homme est muette à l'égard de Dieu ? Je l'ai relue et je me suis aperçu que, dès les pre mières lignes, elle rend hommage à « l'Etre suprême ». Je vous avouerai d'ailleurs que cette constatation m'a causé de la surprise. Le curé. — Je ne vous ai pas dit que Dieu ne fût point nommé dans cette fameuse pièce. J'ai fait allusion aux complications que l'on rencontre, dans l'ordre social, lorsqu'on ne veut pas reconnaître franchement les droits de Dieu. C'est cet adverbe-là qui nous in téresse; car les athées conscients et ré solus ne sont pas nombreux encore. La plupart des gens qui croient s'être affranchis se sont-ils rendu compte méthodiquement que la nature peut très bien se passer du Créateur? Pas du tout. Ils ont reculé devant l'effort d'att'ention ou de bonne volonté qui est nécessaire pour acquérir sur ce sujet une idée un peu précis^. Une sorte d'instinct fait pressentir tout de suite les principales conclusions théo riques et pratiques, qui s'imposeront après que l'on aura admis l'existence du Dieu réel, personnel et vivant. On a peur d'aller beaucoup trop loin ; on préfère rester dans le vague. Parlottier. — Vous me faites tou jours le même reproche. Le curé. —- Oui, car l'équivoque, irréfléchie ou systématique, est un des moyens les plus puissants dont se sert votre parti. L'athéisme ordinaire représente tout autre chose qu'une doctrine : il ne se compose que d'appréhensions et d'incertitudes. Pour ceux qui- l'a doptent, il signifie généralement qu'ils trouvent trop compliqués les pro blèmes relatifs aux origines et qu'ils voudraient s'arranger de façon à n'en plus entendre parler. Qu'il y ait une forcé radicalement différente de celles qui constituent notre nature, ils sont bien obligés de lç supposer; mais ils...

À propos

Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.

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