Extrait du journal
Bourneville, le courtier était descèndu de sa voiture un instant, afin de deman der une adresse à un aubergiste. Effrayé par un automobile,.le poney, très doux d'ordinaire, s'était emporté soudain, en traînant le jeune garçon, vers la mort, sous les yeux de son père désespéré, im puissant. Une demi-heure après, celui-ci passa sur. la route, courant affolé ; il appelait son enfant. Sosthène Malo eut l'atroce courage de lui faire dire par sa vieille domestique: —Votre fils est à la villa des Mouettes, sain et sauf. On vous le renverra dans quelques joursy dès qu'il aura repris du calme et des. forces. Mais n'essayez pas de venir le voir, vous ne seriez pas reçu, non plus que votre femme, celle qui a été cause de tout. D'ailleurs, le vieillard eut pour son petit*fils «des soins dévoués, minutieux, presque maternels. Avant-hier matin (c.'était sixjoursaprès l'arrivée deMaxime à la villa), comme Sosthène Malo lui ap portait dans son lit une bonne tasse de chocolat vanillé et fumant, le garçonnet s'écria s — Monsieur, mon ami Gaston a un grand-père. Je voudrais bien en avoir un, moi aussi, mais qui fût tout pareil à vous, aveciune longue barbe blanche et, une petite pipe brune. Pauvre petite pipe brune ! Elle fut ou bliée ce jour-là.Son possesseur était trop triste, quand sonna midi, pour goûter un plaisir quelconque à en tirer des bouffées vigoureuses. Il songeait que son gentil compagnon était tout à fait remis main tenant, que le moment était venu de le rendre à ses parents pour toujours. Plongé dans ses réflexions, le bonhomme arpenta longtemps, parmi un brouillard morne, la route de Bourneville à Etretat. Puis soudain, prenant son .parti, il des cendit au bureau de poste, et, sans comp ter les mots, expédia la dépêche sui vante, la plus longue et la plus coûteuse qu'il eût rédigée de sa vie : * Maxime Malo, rue de Montivilliers, au Havre. « Ton fils, ton poney et ta voiture sont à ta disposition. Viens les prendre, mais promets-moi de les ramener souvent à Bourneville, avec Lucie.... Je ne pourrais pas me déshabituer d'être grand-père, s Joseph Legueu....
À propos
Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.
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