Extrait du journal

étroite; mais comme les maisons étaient bel les ! Des femmes de distinction, habillées comme pour un bal, se montraient aux fe nêtres ouvertes et saluaient les passants avec autant de grâce et d'amabilité que si elles les eussent connus. Dans un coin de la rue, sur un escalier de pierre sordide et froid, était as sise une jeune femme, pâle comme la mort, couverte de haillons ; un petit garçon, à demi nu, appuyait en pleurant la tête sur ses ge noux dé sa mère, tandis qu'un enfant malade et blême restait suspendu à son sein tari ; elle repoussait en proférant un blasphème la tête du petit garçon, et paraissait n'avoir d'affection ni pour l'un ni pour l'autre. — Elle est malade! s'écria Christian. Ne devons-nous pas prévenir l'une ou l'autre de ces grandes dames ? Les matelots se mirent à rire et entraînè rent Christian dans une rue latérale, où le son des violons et des flûtes s'échappait de plusieurs maisons basses et sombres. Ils en trèrent dans l'une d'elles. L'âme de Christian fut envahie par les flots d'une harmonie splendide. et joyeuse; et ses yeux restèrent éblouis par l'éclat du lustre, quoiqu'une fumée épaisse s'étendît, comme un voile, sur toutes choses. Le chapeau à la main, il envoyait des saluts de tous côtés. Les hommes n'étaient pas en toilette, les femmes n'en paraissaient que plus éblouissantes, et leurs joués étaient comme des roses. Un homme dansait, une longue pipe à la bouche, et lançait d'énormes bouffées de fumée par-dessus les épaules de sa danseuse. A la porte était assise une jeune dame auprès d'un cavalier, deux fiancés sans...