Extrait du journal
Gela suffit : Richard Kauffmann doit être châtié sérieusement, la famille de M. Brignon et M. de Wangen doi vent recevoir une indemnité, avec l'expression de regrets probablement peu sincères, mais en tout cas formels. 11 est impossible que les autorités prus siennes refusent d'en passer par là; autrement le criminel attentat de Kauffmann deviendrait la plus bru tale, la plus certaine, la plus insensée des provocations. Et même,la France, ne serait pas seulement provoquée ; elle serait attaquée. L'affaire s'arrangera donc, le jeu visible de l'Allemagne étant de faire en sorte, pour amener le conflit dé cisif, que la provocation paraisse, au contraire, venir de notre part. Elle s'arrangeraj c'est bien ; puis, dans six semaines, une autre surgira encore, qui s'arrangera aussi; puis une autre ensuite, qui s'arrangera peut-être. Et puis, après? Est-il possi ble qu'une pareille situation dure longtemps? Est-il raisonnable d'espé rer qu'elle se prolongera pendant plus de quelques mois? Si tous les yeux ne sont, pas ouverts en France depuis « l'incident » de Pagny-sur-Moselle, « l'accident » de Vexaincourt aura au moins l'avantageux résultat de bannir les derniers doutes. Quand les relations entre deux pays en sont là, que l'un de ces pays se permet de poster ses soldats le long de la frontière avec l'ordre de tirer sur quiconque, en se promenant, en chassant, la franchira, et que cétte consigne est si sévèrement donnée,qu'un des soldats postés ainsi, dans la crainte de ne pas l'observer à temps, tire avant même que la fron tière ait été dépassée, sans savoir en core si on veut la franchir, la situation est grave. Il ne faut pas qu'on cher che à le dissimuler ni à soi, ni aux autres, ni à la France ; il faut le voir ; il faut le dire ; il faut se préparer. La paix entre notre pays et l'Allemagne est à la merci d'une erreur, d'un mal entendu, d'un de ces hasards qui peu vent se produire à tout instant; il faut qu'on le sache, il faut qu'on parle et qu'on agisse en conséquence. D'ailleurs, à tort ou avec raison, et il nous semble bien que ce n'est pas sans raison, les Français sont en train de reprendre confiance en eux-mêmes, dans leur armée. C'est un fait. Si cela n'est pas poussé trop loin, ce sera excellent. Ainsi, en la circonstance présente, ce que l'opinion demande au gouvernement, ce n'est point d'assurer la paix à tout prix, mais de parler haut et de se montrer, ferme. On n'a pas peur et l'on aimerait mieux la guerre qu'une humiliation. Et puis, d'une manière plus ou moins confuse, on sent que le meilleur parti serait, « sans provocation comme sans faiblesse, » de le prendre sur le même ton que les Allemands et d'insérer dans nos lois des dispositions pareilles auk leurs. Que le cabinet suive cette impulsion. S'il est encore un moyen d'éviter la guerre pour l'année prochaine, c'est de ne pas la craindre et le faire bien voir. Pierre Veuillot....
À propos
Fondé en 1833 puis suspsendu en 1860, L'Univers réapparaît sous le Second Empire, toujours sous la direction du même homme, Louis Veuillot. Au début de la Troisième République, il est le journal catholique le plus lu en France. Ultramontain et farouchement conservateur, le titre affiche le plus grand mépris pour les républicains, de même que pour les catholiques libéraux. Il cessera de paraître au commencement de la Première Guerre mondiale, avant de tenter une relance en 1917 qui s'achèvera sur un échec : le journal disparaîtra définitivement en 1919.
En savoir plus Données de classification - rouvier
- jésus-christ
- bonghi
- kauffmann
- thiers
- després
- poubelle
- crispi
- gay
- de wangen
- italie
- rome
- france
- allemagne
- rodez
- gela
- vexaincourt
- paris
- brignon
- wangen
- la république
- frères des ecoles chrétiennes
- rou
- société générale
- union postale