Extrait du journal

Nous ne savons pas encore très bien de quoi l'automne sera fait. Nous ne sapons pas s'il sera froid ou pluvieux, si Mme Cécile Sorel remportera un triomphe ou subira un échec, au Casino de Paris. Nous ne savons pas si les socialistes se scinderont ou ne se scinderont pas. Nous savons du moins à coup sûr qu'il sera beaucoup parlé de l'inflation et de la déflation. Il serait bon, au moins, que les gens qui vont en parler sachent à peu près ce qu'ils entendent par là. L'inflation consiste à augmenter les moyens de paiement à l'intérieur d'un pays, la déflation consiste à les réduire. Il faudrait que chacun. fût bien persuadé que chacun de ces systèmes est incompatible avec l'autre, sans absurdité. Il serait absurde, par exemple, d'augmenter le nombre des billets en circulation et de vouloir diminuer, en même temps, le prix des marchandises. Il serait absurde, de réduire les coupons des rentiers et, par ailleurs, d'augmenter les crédits que PEtat consent *' aux employeurs et. Il serait absurdè de diminuer le traitement des fonctionnaires et de ne pas diminuer ou même d'augmenter les dépenses d'établissement que font les départements et les communes. Malheureusement, la plupart des personnes entendent par inflation l'augmentation de leurs ressources et la diminution de leurs dettes ; par déflation, la diminution des recettes du voisin et le maintien de leurs recettes propres. Les cultivateurs sont inflationnistes quand il iagit du blé et déflationnistes quand il s'agit des fonctionnaires. Les fonctionnaires sont inflationnistes qùand il s'agit de leur traitement et déflationnistes quand il s'agit du budget de la Défense nationale. Tout cela est naturel, mais tout cela est absurde. Entre l'inflation et la déflation il faudra bien que l'on choisisse et que, le choix fait, chacun accepte les conséquences de ce qui aura été choisi....