Extrait du journal

a été apportée de la terre f rme et arrachée à la sape et à la raine des flancs de h montagne du Roule? On pourra peut-être s’en faire une idée quand on saura qu’à la fin de 1799, six ans après le commencement des travaux, il y avait déjà 3,665,400 mètres cubes de pierre coulés an fond de la mer, et que la dé pense seule de la digue monte à près de 67 millions. La création d'une rade n’était pas la seule difficulté que pré sentait Cherbourg. Il fallut creuser un port, des bassins prop es à recevoir des vaisseaux de ligne, et leur donner une profondeur «elle que les bâtiments du plus fort tirant d’eau puissent toujou-s être A flot. Le plan du port comprend trois grands bassins..La premier, appelé avant-port, profond de 18 métrés, long de 800, sur une largeur de 230, a été inauguré en 1813, en présence de l’Impératrice Marie-Louise Au nord de cet avant-port se trouve un autre bassin de la même longueur que le premier et large de 200 mètres. Enfin, celui dont l’Empereur fera l'inauguration le 7 août prochain est le plus considérable des trois. Il termine glorieusement la création du port de Cherbourg. Or, pour que l’on ait une idée du temps, de la patience, des difficultés qufll a fallu vaincre, il suffira de dire que oe» bassin', ayant plus de 50 pieds de profondeur, pouvant contenir 40 vaisseaux de ligne, ont été creusés dans le roc vif, et que l’homme n’a pu marcher pas à pas qu’au moyen de la sape et de la mine. Si cette œuvre colossale eût été entreprise en Angleterre, tou tes les revues françaises, une grande partie de la presse, auraient consacré de fréquents articles à nous raconter les travaux dans leurs plus petits détails. C’eut été une belle occasion de vanter l’énergie de la race saxonne, son invincible obstination, la puis sance de sa volonté. Mais comme Cherbourg est une œuvre française, on en parle peu. A ceux doac qui aiment leur patrie, qui ressentent vivement tout ce qui touche à sa grandeur et à sa gloire, de parler de Cherbourg. A ceux qui accusent la nation française d’être légère, de manquer de persévérance, de se décourager facilement, nous ré pondrons : allez à «Cherbourg, examinez les travaux, calculez les obstacles, et jugez ce qu’est une lotte de 74 ans (1784-1858) contre le granit et la mer. Aux Anglomanes, à ceux qui ne trouvent beau et bien que ce qui se fait au-delà du détroit, nous dirons : allez a Cher bourg. Enfin, nous montrerons avec orgueil Cherbourg aux étran gers, parce que s’il est vrai qu’à l’œuvre on connaît l’artisan, quiconque visitera ce «grand port reconnaîtra tout de suite le genie et la main d’un grand peuple. — Xavier de Fontaines....