Extrait du journal

venues. Le fermier vendit subitement son champ de blé. Et on n’entendit plus parler de rien. La seule chose bien certaine, c’est que Bressac quitta le pays et que ses deux vieux en moururent. — Le fils du fermier était allé cherché fortune à Paris. Chercher fortune, sans une idée précise, n’ayant de vocation pour aucun métier, mais doué d'un solide appétit de viveur. Il passa un peu par le commerce des blés, les agences de publicité des journaux, et s'ar rêta assez longtemps à la Bourse. Le tem ple grec à colonnes corinthiennes est si Dieu ouvert à tout venant !... Et il s'y brasse tant d’affaires !... Il y vient une si belle col lection de bourgeois en quête d’un dupeur ! Le métier de boursier a des allures de rentier qui séduisirent longtemps Bressac. On peut se lever tard, on peut môme ne se lever que pour déjeuner. A peine si l’on vient prendre vent, le matin ! Puis, de deux à quatre, on cause avec ses amis, — des amitiés qui se font ou se dé font avec autant de facilité que dans les cou lisses d'un théâtre ; ou bien on court dans le brouhaha de la corbeille, en criant les cours 3uc vient de vous indiquer un banquier. Fin u mois, on liquide aisément, quand on n'est que petit couhssier, avec cinquante à cent louis de bénéfice... à moins qu’on ne les ait perdus. Après cela, — il est quatre heures, — cinquante minutes de boulevard et un tour au cercle, avec une station à la table de jeu... Puis, le dîner, les théâtres et les réu nions du monde facile. Bressac avait roulé au milieu de ce tour billon, étudiant, observant, acquérant peu à peu un mépris absolu de l’homme et de la femme, s’imaginant que dans toutes les classes de la société, existait cette môme absence de sens moral, et échafaudant làdessus le plan de sa vie. Enfin, il s’était beaucoup frotté à Raoul de Mercœur et à quelques autres jeunes gens de noblesse, Roquemont, Marsies... Il les retrouva à Paris, fréquentant le même...