Extrait du journal

entraînée pour élire spontanément, le scrutin de liste étant rétabli, tel ou tel prince dans cinq ou six départements,comme cela se fit au trefois sur le nom de Louis-Napoléon Bonaparte — ce serait une autre affaire. De même, si nous assistions à l'établisse ment d’un courant irrésistible, tel que celui qui porta tout d’abord le général Boulanger, cela vaudrait la peine d’y songer. En pareil cas, ce sont des manifestations imposantes de l'opinion publique. C’est, du reste, la seule façon, pour la nation vivement émue et profondément impressionnée, d’ex primer ses sentiments. De telles élections, spontanées, générales, irrésistibles, sont tout ce qu’il y a de plus flatteur pour un homme, fût-il prince, et je comprends qu’on les souhaite, qu’on les rêve et qu’au besoin on s’y prête. Mais, je le répète, une élection mesquine, banale, dans un coin, avec la majorité relati vement minime que l’on peut ramasser dans un arrondissement ou même dans un dépar tement, voilà ce qui serait une détestable opération, car l’autorité dynastique y perdrait tout son rayonnement et en sortirait dimi nuée. Au sujet de la question de savoir si les princes doivent rentrer quand même et malgré la loi d’exil, M. de Cassagnac répond : La montagne n’ira pas à eux, c’est sûr, c’est donc à eux à aller vers la montagne. Jamais la France n’ira chercher un souve rain en exil, à moins de circonstances sur lesquelles on ne saurait tabler. D’autant que ce qui fait aujourd’hui la force de la République — dont, au fond, tout le monde est las et dégoûté— c’est la dualité de la compétition monarchique. Ne sachant lequel choisir et sur lequel ar rêter ses yeux, fixer son espérance, la France ne s’occupe ni de l’un ni de l’autre et les né glige tous les deux. Je l’ai dit bien souvent et ne cesserai de le redire, l’avenir appartiendra à celui qui osera rentrer en France et y braver la prison qui l’attend....