Extrait du journal

mai gravée, on se moquait de la gravure ; quand un clerc trouvait mal chantée ou mal dite une pièce de théâtre, il sifflait impitoyablement. Aujourd’hui, nous avons changé tout cela, et il suffit quodes artistes éminents aient déclaré qu’une peinture est de Léonard de Vinci, pour que chacun l’admire dè contiance, persuadé que, du pinceau de Léonard de Vinci n’a pu s’échapper une ceux re médiocre. Eh bien 1 que disent les artistes éminents de la copie de la Vierge de Saint-Sixte, d’après Uaplqiél? (n. 10». Certes, ils se trouveraient qui préféreraient une esquisse originale à cette magnifique copie, et dans le domaine des arts, il fauts’attendre à toute opinion. Pourtant, quelle splendeur, quelle couleur et quel dessin dans ce tableau ! Le petit Dieu est admirable d’ex pression, admirable sa mère, admirable aussi tout ce qui se sanctifie dans ce cadre. Je sens davantage le Raphaël dans la copie de Cul verhouse que dans certaines ébauches, échap pées peut-être à Raphaël lui-même, car Raphaël achevait. Jamais ne fut mieux qu’à cette époque comprise la peinture religieuse. Les gens qui expliquent, prétendent que cela vient do ce que l’on croyait, que Ton avait la foi, et c est en par tant de ce principe que certains hommes, très sérieux, s en vont hochant la tête et regrettant le moyen-âge et l’excom munication efficace. Si cela est,comme ils le croient, Raphaël dut avoir de profondes convictions, car même copiées, ses œuvres ont un charme indéfinissable, (28i. L’art, semble-t-il, devrait tenir lieu de convictions, car appelé à représenter sur une toile toutes sortes d’idées, il peut arriver que l’auteur soit inspiré du sujet en tant que su jet et non comme conviction personnelle et persistante. I n acteur qui remplit l’emploi de traître de mélodrame peut jouer avec cœur son rôle, et, à part ses forfaits de la scène, être le modèle des hommes francs. N'en est-il pas ainsi du peintre et de tous les artistes ? Et l’inspiration, qui fait 1 ar tiste, ne naît-elle pas spécialement dans una nature accessi ble à toute impression, h toute idée, à tout sentiment ? Il s’en suivrait que ce ne serait pas 1 absence de convic tions qui fait l’absence actuelle de grands hommes, mais plu tôt l’absence de tempéraments vraiment artistes. Et Ion est bien tenté d’admettre cette hypothèse quand on met en parallèle les qualités d’un artiste avec les qualités de notic époque, avare d’argent et de temps, prodigue de flatteries outrées ou de ridicule sans esprit. Rien ne prête à la froide plaisanterie tant que le senti-...