Extrait du journal

Aux idéologies dont on nous berce d Généré, les faits répondent avec une ter rible ironie ; c'est le conflit auquel on pensait le moins, il y a deux ans qui vient nous rappeler à la réalité ; tandis que nous tournions naïvement autour de la marmite européenne en cherchant le moyen de l’empêcher de sauter, c’est dans le Pacifique que le destin nous attendait. Qu'y voyons nous f Une nation vigoureuse et disciplinée imposer sa volonté à une démocratie qui a perdu le sens national et s'est adonnée voluptueusement au dé sordre. Voilà la leçon immédiatement profitable qu'on peut tirer de là. Le reste est littérature. Il importe dono de mettre nos esprits en garde contre cette campagne pacifiste, qui, per ses outrances intéressées, fausse 1 idée de la paix véritable que doivent re chercher tout homme de bon sens et tout peuple sage. Elle cache en ses replis tout un lot de vaines formules, où la confusion des idées s’alliant à la confusion des cho ses engendre ,non pas la pacification des esprits, mais leur effervescence. C’est un brûlot incendiaire contre lequel il faut tendre les filets de protection. Le Ma tin écrit : Ce serait donc une grave erreur de ne pas se montrer extrêmement prudent et attentif à l'égard de ce mouvement pa cifiste, en vérité impressionnant, que l'on enfle exagérément et dans un sens qui est rarement celui de la paix véritable. Ce pacifisme ainsi compris joue le rôle de tremplin dans les conceptions des pays 3ui poursuivent d’une façon plus ou moins égnisée leur armement et cherchent d produire ainsi chez leurs nationaux et dans le monde une grave déception suivie d’un sursaut de révolte. Vouloir assurer par le désarmement matériel la paix du monde, avant de faire régner dans les esprits le sincère désir et la volonté de la paix, c’est mettre la charrue avant les bœufs. Comment veuton dans de pareilles conditions creuser un sillon où l’on puisse jeter à pleines mains le grain qui lèvera en épis pacifiques ? C’est la juste réflexion que fait le Lor rain : La Tour de Babel n’est pas terminée et les hommes qui la construisent parle ront longtemps encore un langage incom préhensible. L’édifice de la paix suppose pourtant que tous ceux qui s’adonnent à sa construction parlent la même langue du cœur et de l'esprit. Il est loin d'en être ainsi aujourd’hui. L'esprit international n'est pas l'effet d'une réduction mathé matique des armements. L'esprit interna tional doit précéder le désarmement. Souhaitons que les millions d’êtres hu mains représentés à Genève le compren nent tous les jours davantage,,...