Extrait du journal
Dans les milieux politiques et financiers, tout le monde est d’accord pour reconnaître que notre emprunt à Londres n’est qu’un expédient. D’ici deux mois, les difficultés de notre position monétaire apparaîtront à nouveau, et d autre part, l’équilibre du budget sera virtuellement rompu. Comment pourrait-il en être autrement, sous la menace d’une mainmise du « front populaire » sur le Gouvernement > Parlant à Lyon devant ses compatriotes, le 23 février, M. Herriot leur a déclaré ceci : J œ, au cours de ces dernières années, acquis une rude expérience. Il faudrait que vous sachiez combien nous avons tremblé pour les finances de la France... L honneur du parti radical (ici, nous faisons toutes sortes de réservesm car c’est bien plutôt l’honneur de tous ceux qui ont fait la trêve des partis, au Gouvernement) c’est d’avoir accepté de faire des efforts, dût-il passer pour impopulaire, pour mettre fin à une ruineuse politique de libéralités qui n’aVait d’autre objet que d’obtenir pour ceux qui la pratiquaient un bénéfice politique. A ce moment-là. on offrait de l’argent à tout le monde. Nous sommes arrivés pour liquider. Nous avons accepté de le faire parce que c était l’intérêt de la France qui a besoin qu’on lui assure un long avenir. Le Président d’honneur du groupe radical, s’il est logique, cohérent et sincère, devrait reprendre ce thème dès l’ouverture de la campagne électo rale ; et, à l’usage des gaspilleurs et des démagogues qui ont envahi la gauche de son parti, il aurait le devoir de répéter à travers le pays tout entier, le dilemme fameux qu’il lança en 1934 : Ou déflation, ou dévaluation. Car la cure n'est pas terminée. Il y a, certes, une reprise de$ affaires et l’état de l’économie mondiale est beaucoup moins alarmant aujourd’hui que l’an passé à pareille époque. Seulement, en France, la fiscalité écra sante, la distribution inconsidérée des deniers publics à une multitude im mense des parties prenantes, le gâchis administratif, l’instabilité politique dévorent en quelque sorte par avance le bénéfice moral et matériel — encore si lét^r d’ailleurs — du démarrage qui s’opère. La confiance du public en la sagesse, l’ingéniosité et la prévoyance des producteurs et négociants fran çais, en général, n’est guère altérée ; ils ont conservé leur crédit. Mais l'Etat l’a perdu. Dans la classe moyenne, dans la classe artisanale, paysanne, employée, l’on sait parfaitement que l’Etat gaspille, et que les parlementaires passent la moitié de leur temps à faire obtenir aux électeurs pensions, allocations, gratifications, indemnités, rappels, dégrèvements et secours. L’on sait qu’un tel système ne p>eut pas résister à son propre poids, et qu’au bout de la côte, c’est la culbute. En langage px>sitif : inflation, dévaluation, chaos. C’est vraisemblablement ce que nous réserve le front populaire, et ce brillant résultat sera assorti d’un accroissement des crédits pour l'armée, peut-être d une loi établissant le service militaire de trente mois. Préparez vos corbeil les, bons citoyens, pour recevoir ces charmants cadeaux ! * A Pour le présent, il est de simple bonne foi de constater que la déflation budgétaire, si férocement attaquée par les cartel listes et par les spéculateurs internationaux travaillant à la ruine du franc, n’a pa$ produit de si mauvais effets qu'on l'annonçait ! En août 1935, le blé était à 52 francs et le vin à 4 fr. le degré-hecto en juin. Ils sont respectivement à 90 et à 7. L.es céréales secondaires sont entraînées dans le mouvement, et presque tous les produits agricoles le sui vront. Le pouvoir d achat des cultivateurs (47 % de la population française) s accroît régulièrement. Or, c'est précisément cette revalorisation des produits agricoles, se combinant avec une diminution des dépenses publiques et une baisse du coût de tout ce qui n’est pas « de la terre » — loyer, chauffage, éclairage, vêtements, chaussures, etc... — c’est cet ajustement judicieux et vraiment humain qu’avaient voulu M. Laval et M. Cathala. Les décretslois ont, pxwr une part, réaliîV; cette adaptation ou, en tous cas. l’ont pré parée. L assainissement se fait... Mais qu aucun doute ne subsiste ! Que tout soit bien net et qu'on ne nous reproche p>as, dans trois mois, d avoir gardé le silence ! Si c’est une majorité animée et commandée par les socialistes qui arrive au pouvoir en juin, toute chance de redressement réel et durable sera compromise. La seule crise ministérielle de janvier nous a valu des sorties d’or de plus d’un milliard, un arrêt brusque de la « déthésaurisation », un ralentissement de la reprise et une perte de 5 à 6 milliards sur les rentes. Ne nous faisons donc aucune illusion sur les conséquences d’un coup de barre à gauche, quant à I avenir des finances publiques et de la monnaie, quant à la contraction de la consommation, quant à l'arrêt des affaires et quant à la fuite des capitaux. Ceci n’est pas de la politique, au sens courant du mot ; c’est un léflexe purement psychologique, créé par l’expérience. Personne n’ignore que les socialistes entendent « bouleverser » notre régime, au lieu de l’adapter comme il est nécessaire : alors, quand on voit poindre à l’horizon le drapeau rouge, que l’on soit millionnaire ou modeste débitant, on ferme la boutique. C’est tout naturel. L.-A. PAGES. CHAMBRE DES DÉPUTÉS...
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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