Extrait du journal
son plus mortel ennemi, mais qui, après tout, était venu se confier b sa générosité, et qui, sur ce rocher perdu au milieu de l’Océan, n’était réellement plus b craindre. Cette vie si lente, si pénible, si vide, après avoir été celle de l’homme dont le nom seul effrayait l’Europe et remplit les annales des quinze premières années de notre siècle, est admirablement décrite et racontée par M. Thiers, et inalheu re use ment elle peut se résumer en peu de lignes. Napoléon arrive à Sainte-Hélène sans autre espoir que d’y végéter à peu près libre dans une étroite enceinte. Le gouverneur anglais commença par montrer une certaine douceur ; niais bientôt sir Hudson Lowe est installé, et le séjour de l'Em pereur devient une véritable prison : il est réellement, et je le repète, bien Inutilement gardé à vue, sans cesse taquiné, mal logé dans l’endroit le moins sain de l’ile. Peu à peu, il renonce à l’exercice du cheval, ennuyé de se sentir suivi à distance par un officier anglais ; il interdit sa porte aux visiteurs et se renferme dans une existence monotone et sé dentaire, déplorable pour sa santé. Il lit alors beaucoup ; il dicte ses mémoires, il passe de longues heures à causer avec ses rares fidèles; mais au milieu même de cette coterie dévouée dont les membres n’ont pas hésité à se condamner à un pénible et volontaire exil, VEm pereur \ oyait se former mille intrigues, mille petites brouilles pour lesquelles il lui fallait intervenir et qui lui faisaient toujours craindre de voir diminuer le personnel de cette très-peu nombreuse compagnie : « Quoi ! leur disait-il, n estce pas assez de nos chagrins, et faut-il que nous y ajoutions par nos propres travers? Si la considération de ce que vous vous devez les uns aux autres ne suffit pas, songez à ce que vous me devez à moi-môme. Ne voyez-vous pas que vos divisions me rendent profondément malheureux?... Tenez, quand vous serez de retour en Europe, ce qui ne peut tarder, voire gloire sera de m’avoir accompagné sur ce rocher. Alors vous n’irez pas avouer que vous viviez en ennemis les uns...
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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